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La défense nourrit les ambitions créatrices

Source: Ministère de la défense

Il est un domaine discret où l’innovation est clé, il s’agit du domaine de la défense. Un certain nombre de PME/Start-up ont vu le jour dans cet environnement un peu particulier, mais à leur manière, elles participent à notre souveraineté numérique et à l’excellence de notre industrie de la défense.  Nous allons nous intéresser tout particulièrement à quelques-unes d’entre elles comme Earthcube, Unseenlabs,  Aleph, Cerbair Diodon, Internest  qui sont issues de ce milieu, même si leurs activités ne s’adressent pas exclusivement au milieu militaire.

 

Earthcube

 

Il s’agit de la rencontre de deux entrepreneurs dans l’âme intéressés par la mise en place de surveillance stratégique. En effet, ces dernières années ont vu la multiplication des systèmes de surveillance, notamment satellitaire avec des capacités augmentées. Le volume de données envoyées aux services de renseignement ou de veille stratégique ont fait sentir la nécessité pour ces entités de se munir d’outil d’aide à l’analyse (Big Data).

Ils ont réussi à développer une plateforme d’analyse d’images satellite grâce à l’Intelligence Artificielle, leurs algorithmes permettent d’identifier facilement des pick-ups dans le désert, ou encore des mouvements de troupes sur des zones géographiques sensibles comme des ports ou aérodromes (Les Echos).

Cette société est devenue en deux ans le prestataire de quatre organisations différentes au sein du ministère de la défense française mais aussi d’une officine britannique. Cette start-up française a de solides ambitions, mais je trouve la vision d’un de ses co-fondateurs sur la façon de réussir sa croissance bien différente de beaucoup de start-up visant essentiellement des levées de fond. Il nous rappelle ce point essentiel : une entreprise doit croitre avant tout par la croissance de son portefeuille clients (Interview d’Arnaud Guerin).

Unseenlabs

 

Il s’agit d’une start-up bretonne, spécialisée dans la réalisation de microsatellites de surveillance maritime avec une technologie innovante qui lui permet d’effectuer ses repérages avec 1 seul satellite au contraire de son concurrent (Challenges).

Sa technologie permet de géolocaliser des navires par mesure de leur rayonnement de radiofréquences. Cela est notamment utile pour détecter les navires se livrant à de la pêche illégale (débranchant leur balise). Mais il y aussi des utilisations, plus sécuritaires comme la détection des narcotrafiquants…

Si l’accent est mis sur les aspects de surveillance maritime civile, il est cependant clair qu’il y a un intérêt militaire, et c’est probablement pour cette raison, que les dirigeants restent évasifs sur la technologie utilisée.

 

Aleph

 

Nous avons ici une start-up spécialisée dans la cybersécurité et d’intelligence stratégique qui selon le GICAT (Groupement des Industries Françaises de Défense et de Sécurité Terrestres et Aéroterrestres) a dépassé le stade de start-up pour entrer dans le monde des PME. Aleph, est donc une entreprise française de Villefranche-sur-Saône qui adresse les thématiques de cybersécurité, notamment dans la surveillance des différentes couches d’internet pour en analyser les menaces. Elle propose ses solutions aux services de l’état, notamment aux services de renseignement mais s’adresse aussi au marché civil (entreprises, ONG, etc…)

Elle est dans une phase de croissance, avec la nécessité d’obtenir de nouvelles sources de financements pour accompagner et accélérer cette phase. Mais elle souhaite rester française, ce qui rend l’opération plus complexe compte tenu de l’écosystème des investisseurs français (Les Echos)

 

Cerbair

 

Ici, nous avons affaire à une société qui propose des solutions de lutte anti-drones. C’est tout naturellement, que cette start-up a été incubée par les systèmes mis-en-place par le ministère de la défense pour encourager l’innovation. Elle est donc spécialisée dans la protection des sites ou événements (comme un GY) sensibles… Elle propose des systèmes de détection et neutralisation des menaces liées à l’explosion de l’utilisation des drones, en France ce marché est très réglementé.

Elle a aussi signé un partenariat important avec Drone Volt, une start-up française, elle aussi, dans le cadre de sa politique de croissance. Leur partenariat permettant la synergie de leurs compétences entre la capacité de Volt à produire des drones de surveillances et Cerbair des solutions de neutralisation de la menace (article).

 

Diodon

 

Nous avons ici une start-up toulousaine, qui propose des drones étanches et gonflables, c’est-à-dire des solutions drones « tout-terrain ».  Les marchés visés sont ceux de la défense, de la sécurité, du « off-shore » et des secours. Elle a su créer des partenariats solides avec les industriels et la défense.

Ici encore nous avons un exemple intéressant d’innovations et de proposition de solutions robustes adaptées aux marchés qu’ils visent. Les deux drones proposés ayant des capacités tous terrains, ainsi que des possibilités de personnalisation notamment pour l’un des modèles d’une conception modulaire.

 

Internest

 

Cette start-up parisienne a développé une solution technologique embarquée de pointe (Hardware/firmware) qui permet d’offrir un système facilitant les opérations d’atterrissage quelles que soient les conditions météo et d’environnement. Cette technologie s’adresse aussi bien aux hélicoptères qu’aux drones. Elle a développé un système de localisation précis permettant la facilitation et la sécurisation des opérations d’atterrissage dans des conditions difficiles. Elle adresse à des marchés militaires ou civils.

 

Linkurious

 

Nous avons affaire ici à une start-up parisienne née en 2013, qui a développé une plateforme logicielle qui permet l’analyse massive de données et leur visualisation sous forme graphique pour en détecter les liens. Les premiers clients ont été la NASA et un assureur.

Cette plateforme permet de détecter des menaces, ou des comportements délictueux ou frauduleux. Les solutions proposées par Linkurious ont été utilisées par des journalistes dans l’affaire « Panama Papers ». Nous pouvons voir ainsi tous les champs d’utilisation possibles notamment dans la lutte contre la fraude tant au niveau des administrations que des banques ou assurances. Il ne faut pas bien entendu négliger les applications militaires (renseignement) et/ou sécurité.

Conclusion

 

Il est intéressant de constater que dans des domaines sensibles nous avons des start-ups très performantes, qui n’ont rien à envier à leurs concurrents américains. Nous voyons émerger nombre de belles start-up / PME, soutenues dans leur phase précoce par des systèmes d’incitation et de financements de la part du ministère de la défense.

Cependant leur croissance future, notamment lorsqu’elles ont une activité très orientée défense, peut être mise en danger par le comportement irresponsable de nos banques. Elles sont effectivement devenues frileuses de façon générale mais plus particulièrement sur le financement d’activités sensibles qui peuvent en faire la cible des actions de certains groupes activistes et militants.

Devant le risque que cela représente pour notre souveraineté et pas seulement numérique, nous pouvons nous interroger sur la nécessité de créer un établissement d’investissement spécialisé, qui n’auraient pas de clientèle de particuliers et n’aurait donc pas de risque par rapport à certain lobbys (notamment les lobbys éthiques qui découragent les banques d’investir dans des domaines jugés non éthiques (environnementale ou pas) par des campagne de communication à destination de la clientèle de ces établissements financiers). Le moyen de le financer serait une cotisation obligatoire annuelle pour tout établissement bancaire physique ou en ligne ayant des activités en France. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela pourrait peut-être faire partie des solutions qui nous éviterait des situations comme celles vécues dans l’affaire Photonis.

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