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BPI choisi le Cloud Amazon, l’état s’obstine après Palantir® et Microsoft Azure

Source: frsconsulting.fr

Cet article en dérangera plus d’un, car dans le monde policé professionnel il est de bon ton de rester dans le politiquement correct. Cependant, n’avoir que des opinions « politiquement correctes » ou trop policées ne fait pas avancer le débat !

Quelle est l’origine de mon coup de gueule ? Une nouvelle information sortie fin juin, notamment dans le Monde Informatique, qui rapporte que la BPI qui est l’organisme d’état de financement des entreprises et particulièrement des Start-Up, a choisi comme solution cloud une solution américaine : AWS d’Amazon ! Ce choix concerne la mise en œuvre du prêt garanti par l’état pendant la pandémie Covid-19. Par son origine, Amazon est soumis à toutes les demandes de la justice américaine dans le cadre du ‘Cloud Act’ et s’est exécuté systématiquement à ce jour…

L’accumulation des bévues par la haute administration française et le gouvernement représenté par Cédric O. secrétaire d’état au numérique fait osciller notre perception de ces actions entre incompétence crasse et méconnaissance coupable des enjeux stratégiques. Car sur ce dernier point, les conséquences peuvent aller jusqu’à un affaiblissement économique du pays cette notion d’intérêt stratégique de la nation ne soit plus comprise ni plus admise.

Les derniers exemples en date de cette incurie…

 Nous avons eu tout d’abord l’affaire Palantir® « start-up » du Big Data dont l’actionnaire principal est le fond d’investissement de la CIA… Ce nom ne vous dit rien, c’est pourtant une entreprise qui s’intéresse aux données de santé des européens. Ils ont essayé de passer contrat avec l’APHP (Zdnet), opération qui n’a heureusement pas été finalisée, probablement grâce au tôlé qu’il a suscité dans la presse… Avec le Brexit, Palantir® va réussir à mettre les mains sur les données du NHS anglais (linformaticien.com)…

Vient ensuite l’affaire du Data Hub Santé, où sans appel d’offre et avec une argumentation spécieuse, le choix initial pour la solution cloud, s’était porté sur Microsoft Azure… Grâce à la mobilisation des acteurs du numériques, et l’appel du 9 avril, mais aussi des acteurs hospitaliers avec leur pétition, les autorités ont fini par revoir leur copie et de lancer un appel d’offre. Il faut cependant être vigilant, lorsque l’on voit d’autres acteurs américains se placer (usine digitale)… Dans ce même article on apprend qu’Oracle cet acteur américain est déjà fournisseur Cloud pour l’APHP et la CNAM, ceci n’est pas suffisamment connu du grand public. L’ensemble de ces choix doivent être remis en cause.

Il est reporté aussi que nombre de praticiens utilisent WhatsApp (Facebook !!) pour échanger des données de santé, par méconnaissance ou par facilité. Or il existe des solutions de messageries instantanées françaises, totalement sécurisées, je pense surtout à Olvid toute jeune pousse, mais très prometteuse. Son offre pour les messages instantanés écrits est gratuite… Une version supportant la vidéo et la voix avec le même niveau de sécurité devrait arriver en septembre/octobre 2020, ces dernières fonctionnalités nécessitant un abonnement modeste, mais cette application garantit la non-exploitation de vos données par design.

Et maintenant cette affaire sur les choix de BPI France… Oui, c’est problématique ce choix de AWS (globalsecuritymag). Cela permet à nos « amis » américains de favoriser sans vergogne leurs entreprises. Sur le sujet, Arnaud de Montebourg dénonce le fait qu’une de nos start-up Solocal n’a pas eu accès aux financements de la BPI probablement par des actions concertées de ses concurrents américains (Marianne).

Si dans cet exemple, il n’y a probablement pas de liens directs, une fois Amazon en possession des informations financières sur nos entreprises françaises, que croyez-vous qu’il pourra se passer ? N’est-ce pas une source inespérée de données sur l’état de santé financières des sociétés ayant eu recourt à ces prêts garantis par l’état,  permettant de choisir ses proies et de faire ses emplêtes…

Devant ces couacs répétés que faire ?

Se Mobiliser : Et cela commence, avec la mobilisation de nos acteurs du numériques, et notamment l’appel du 9 avril et les initiatives #PlayFrance #PlayEurope. Ces initiatives montrent une volonté de structuration afin de ne plus être passif face à cette situation préoccupante et être force de proposition. Je vous invite à retrouver l’interview de Pascal Gayat l’un des cofondateurs de ce mouvement, il nous dresse une feuille de route intéressante.

Protéger nos acteurs du numériques : Une des demandes, qui n’a peut-être pas encore été poussée au bon niveau, mais charge à nos élus de la relayer et de l’appuyer, serait que 50 à 60% de tous les appels d’offres nationaux, régionaux ou locaux sur la recherche de solutions digitales soient réservés aux solutions françaises. Pour tout ce qui est de l’hébergement de données stratégiques, de mon point de vue, il devrait être obligatoire d’avoir un hébergeur localisé en France (avec plusieurs data centers en France) qui ne dépend d’aucune législation étrangère.

Communiquer : Il nous faut aussi trouver les bons relais de communications afin de continuer notre mission « d’évangélisation » pour reprendre les termes anglo-saxons si souvent utilisés en communication dans le digital. Mais il ne s’agit pas seulement de communiquer et de mettre en avant nos acteurs, mais aussi de montrer tous les avantages, courts, moyens et longs termes à recourir à ces solutions :

  • Innovation (expliciter)
  • Proximité, avoir des équipes en France ne sera que bénéfique dans les liens clients-fournisseurs
  • Protection des données et conformité avec notre réglementation (GDPR)
  • Préservation d’emplois directs qualifiés sur notre territoire national. Ceux-ci incluant aussi la création d’emplois indirects grâce au maintien d’une activité économique forte
  • Modèle de développement de fait plus durable (en faisant du Glocal…)

Enfin, nous devons en tant que citoyens prendre conscience de ce que nos choix à titre individuel affectent la survie et le développement de nos acteurs du numérique. La pandémie nous a permis de prendre une brutale conscience de fortes dépendances industrielles sur les médicaments, les masques et les réactifs des test. Cependant notre dépendance au numérique américain ou chinois est tout autant critique, même si cette hégémonie ne semble pas dangereuse pour la plupart d’entre nous. En utilisant leurs services gratuits, en leur abandonnant vos données, ils ont pu se constituer un pactole financier qui leur permet d’acquérir tout futur porteur d’innovation ou concurrent.

En conclusion

Mes chers lecteurs, je sais que mon positionnement peut vous paraitre virulent, mais la maîtrise de notre écosystème numérique et de nos données est indispensable (LaTribune). Il est important de comprendre que nous sommes en pleine guerre économique, et que les américains comme les chinois considèrent l’Europe comme un territoire où il est facile de chasser, tant nous n’avons pas les outils pour nous défendre.

Une tardive prise de conscience des pouvoirs publiques européens et français semblent faire jour. Accompagnons-les dans ce mouvement, demandons une vraie prise de conscience des enjeux numériques, et arrêtons le massacre par des décisions plus que contestables de notre secrétaire d’état actuel. Il est temps que si remaniement gouvernemental il y a, nous voyons l’émergence d’un ministère du numérique plein et entier, avec des équipes et un ministre qui comprennent et maîtrisent le sujet.

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