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Les Entreprises de Services Numérique (ESN), un frein à la souveraineté numérique ?

Source: Syntec Numérique

Cette question en préambule se doit d’être posée. En France nous avons de grandes ESN comme Capgemini, Altran, Atos, Sopra-Steria ou encore Open(esn) par exemple. Ces acteurs absorbent à eux seuls plus de 80% du marché du conseil en France. Or, ce sont des promoteurs inconditionnels des #gafam, compte tenu de leurs accords privilégiés avec Amazon (AWS), Google, Microsoft (Azure) et IBM, comme le montre leurs sites institutionnels (Open / Capgemini / etc…)

Quels sont les impacts de cette inféodation aux géants du numérique américains ?

Ces ESN, interviennent dans nombre d’entreprises du CAC40, mais aussi de de grands groupes industriels ou grosses PME dans de multiples domaines industriels. Elles interviennent dans le cadre d’appels d’offres publics pour assister et conseiller des organismes publics ou des administrations dans l’implémentation de grands projets. On n’a pu constater dans le cas du Data Hub Santé, que cet asservissement contractuel aux géants du numériques amène à conseiller de façon asymétrique (biaisée ?) l’administration en charge du projet, et par exemple dans ce cas précis de laisser penser qu’il n’y a pas d’alternatives françaises ou européennes crédibles, ce qui n’est pas le cas, et de s’arranger pour échapper aux appels d’offres publics… Cela fait beaucoup, ne trouvez-vous pas ? En conclusion le gouvernement lui-même était/est prêt à laisser nos données de santé à l’appétit américain !

Par ailleurs ce que l’on observe pour les administrations et services de l’état, se retrouve aussi dans le conseil apporté aux grands groupes. Les acteurs du numériques retenus seront dans les majeurs américains, au mieux, quelques entreprises du numérique françaises sont présentées pour les appels d’offre, mais principalement comme faire valoir…

Il se passe pour les grands groupes le même phénomène que pour les administrations et services de l’état : les solutions proposées par les ESN aboutissent quasi-invariablement au choix d’une solution américaine. Même lors des appels d’offre, quelques entreprises du numérique françaises seront présentées, mais principalement comme faire valoir.

Comment changer l’image des acteurs du numérique français ?

Force est de constater qu’il s’agit tout d’abord d’une guerre de communication. Et sur ce terrain, il faut le reconnaitre, les #gafam ont un avantage de poids, une trésorerie phénoménale (Cas de Apple par le Monde) liée à la revente de nos données personnelles, et une base d’utilisateurs qui a elle seule justifie le fait de passer par eux.

Même s’il est difficile de les combattre sur le domaine pur de la promotion, il faut essayer d’apporter des éléments de réflexion et de s’organiser pour faire entendre la voix des acteurs du numérique français, c’est ce que fait le collectif PlayFrance.Digital qui s’est créé en avril 2020. C’est aussi dans une certaine mesure et avec des moyens modestes ce que fait le site Effisyn-sds.

PlayFrance.Digital  permet de faire découvrir un important panel d’acteurs Français du numérique et de mettre en lumière leur positionnement par le bais d’un mapping. On peut espérer que ces initiatives permettent à ceux qui souhaitent faire attention à leurs données et usages de tester ces solutions pour des usages privés ou professionnels.

Il serait aussi peut-être judicieux que les acteurs du numérique français, s’intéressent aux universités et grandes écoles, et leur proposent des conditions d’accès à leurs technologies très compétitives. En effet, les solutions adoptées lors des études, intégrées avec les connaissances acquises peuvent ensuite essaimer dans les entreprises. Et c’est pour cette raison que notamment Google, propose ses solutions à de grandes écoles notamment de commerces, comme l’Essec, ce qui est un bon moyen de faire de l’entrisme dans les futures entreprises de ces futurs décideurs…

Il nous faut donc un mouvement fort des porteurs de solutions numériques souveraines notamment collaboratives ou de communication sur ce secteur de l’éducation. Il devrait être à mon avis appuyé par une politique des marchés publics imposant un quota important de solutions souveraines, pouvant aller jusqu’à 70%. L’argent investi dans ces solutions souveraines, aura l’avantage de pérenniser la survie de ces entreprises et de maintenir et créer des emplois sur le sol français… Ne soyons pas naïf, c’est exactement la politique appliquée par les américains.

En conclusion

Si la tâche est gigantesque et la partie mal engagée, celle-ci n’est cependant pas perdue. Des signes encourageants apparaissent, le premier d’entre eux, c’est le regroupement des acteurs du numérique français en collectif, avec la création d’une cartographie dynamique des membres afin de pouvoir mieux les identifier. Il y a aussi un semblant de prise de conscience de nos politiques qui disent vouloir retrouver notre Souveraineté et dans notre cas notre Souveraineté Numérique. Reste à s’assurer que cette volonté aille au-delà des mots…

Ce qu’il est aussi important de voir, c’est que nombre des Start-up ou PME du numérique français apportent de vraies innovations, avec à cœur la gestion des données personnelles et ne sont donc pas de simples copies d’applications américaines. Nous avons même nombres de vraies pépites, qu’il serait dommage de voir tomber dans l’escarcelle américaine. Il faut donc continuer à travailler afin de pérenniser les sources de financement qui leur permettront de conserver leur autonomie et souveraineté.

 
 
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