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Cloud de Confiance : démission du gouvernement ?

Source: Pixabay

Le cloud de confiance kézako ? Tout d’abord un petit historique, début 2020, l’affaire du Data Hub Santé entraine une mobilisation hors pair des acteurs du numérique français (PlayFrance.Digital), affaire que j’ai eu l’occasion d’aborder dans plusieurs articles (1, 2, 3, 4). Cette affaire a nécessité, un recul de la part du gouvernement devant la bronca déclenchée par l’attribution de l’hébergements de nos Données de Santé à Microsoft Azure, et ce, sans appel d’offre. Après l’engagement de revoir cet appel d’offre et de quitter Microsoft Azure, pour un hébergement souverain, les autorités fléchissent à présent et se mettent à parler de Cloud de Confiance.

Qu’en t’entend-t-on par cloud de confiance ?

En fait, il s’agit tout simplement d’une démission en rase campagne. Le gouvernement acte de la supériorité réelle ou supposée des technologies américaines ou chinoises. Quel est le plan dans ce contexte, c’est de demander ou contraindre les grands groupes comme Microsoft ou Google à licencier leurs technologies à des acteurs « Français » ou « Européens ». J’ai du mal avec cette approche, alors que le Gartner avait mis OVHCloud dans leur « magic quadrant ».

Je tiens à faire remarquer à nos chers gouvernants qu’il n’y a pas plus mauvais signal que de ne pas faire confiance à ses industriels et de laisser croire qu’ils ne sont pas au même niveau qualitatif !

De plus est-ce que ce montage est signe de protection de nos données, notamment face aux lois extraterritoriales américaines, dont le Cloud Act ? Pour que cela soit le cas, je pense critique que l’ensemble des contrats et des paiements se fassent en euros, sinon je suis aux regrets de vous annoncer que la protection contre l’extraterritorialité sera nulle…

Dans un excellent article, qui aborde le sujet du cloud de confiance (Développez.com), évoque l’existence de partenariat notamment entre Google et OVH Cloud. Et la question est, en quelle monnaie le contrat est-il prévu et sous quel régime juridique…

Ce qui est affligeant dans cette histoire, c’est cet alignement avec l’initiative GAIA-X, l’initiative européenne, qui est hélas construite plus ou moins sur le même principe avec l’implication des géants américains ou chinois ! Peut-on encore oser parler de souveraineté européenne ou française…

Pourtant être souverain est critique, et pas uniquement en termes économiques, d’emplois et de compétences, mais pour des questions de géopolitiques et de possibilité de défendre nos intérêts en tant que Nation. La situation géopolitique actuelle est de plus en plus conflictuelle, sur de nombreux fronts. Les Américains eux n’hésiteront pas à jouer, ce qui est normal leur partition pour protéger leurs intérêts, aurons-nous encore cette possibilité ? Ou devons-nous nous résoudre à n’être que des vassaux économiques, géopolitiques et culturels ?

Quelles options ?

La direction prise par le gouvernement, ne me semble clairement pas la bonne, peut-on faire encore bouger les lignes ? Je pense que la mobilisation des acteurs du numériques français a eu un impact en 2020. C’est un combat de longue haleine. Nous n’avons pas la puissance des lobbyistes américains qui veulent faire croire, qu’ils ont un avantage technologique inattaquable. Mais c’est faux ! Par exemple, la révolution d’Apple sur l’iPhone et l’iPod et ses écrans tactiles n’a pu l’être que par l’achat de brevets français ! Le combat peut être gagné, mais en ne comptant pas sur les politiques, il faut que tous les acteurs industriels et entrepreneurs du numérique français se mobilisent pour renforcer notre écosystème et avoir des coopérations permettant de se garantir entre eux une croissance. Ce vieux pieu finira-t-il par se mettre en branle, ou cela restera-t-il une utopie ?

Il est de la responsabilité des entrepreneurs de privilégier d’eux-mêmes des solutions techniques souveraines (hébergement, OS, etc…) Nous avons les compétences et ressources, reprenons confiance en nous et pensons collectif, pensons France.

Une autre action possible est de créer notre propre label des professionnels du numérique, qui garantit le niveau de souveraineté de l’offre, sur des critères non exhaustifs, comme : la composition capitalistique de l’entreprise, la structure juridique, la juridiction compétente, le lieu d’hébergement des serveurs dédiés à cette offre…

En conclusion

Encore une fois, la souveraineté numérique est un combat long et difficile. Nous affrontons avant tout des géants économiques en position quasi monopolistique, qui n’hésitent pas à désinformer nos classes dirigeantes (politique ou économique) afin de maintenir leur domination. Par ailleurs, leur offre technologique en soi est des plus performante. Mais céder, c’est renoncer à notre capacité à être économiquement, politiquement et culturellement indépendants des Etats-Unis à ce jour et qui sait des Chinois demain. Avons-nous si peu confiance et foi en nos valeurs ?

Pour finir, c’est une nouvelle fois à nous individuellement de prendre conscience de notre pouvoir d’influence, et sur nos choix personnels ou professionnels de favoriser les solutions qui nous protègent ou nous avantagent en favorisant l’emploi et le maintien des compétences sur notre territoire !

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