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La future crise économique et alimentaire, une opportunité pour les circuits courts ?

crise alimentaire

Source: actualité.com

La crise ukrainienne, faisant suite à la pandémie, fait peser sur notre pays, entre autres, un risque sur l’approvisionnement en produits alimentaires. S’y ajoute une conjonction d’événements climatiques dans nombre de pays qui risque d’amplifier une hausse des prix sans précédent des produits alimentaires (MSN).

La question que vous vous posez, c’est quel rapport avec le numérique et la souveraineté numérique. J’y viens, mais pour cela, il va falloir aller au bout de l’article.

Quels impacts sur les produits alimentaires ?

L’Ukraine exportateur net de près de 9% du blé mondial a vu sa capacité à exporter ses stocks et à produire ses prochaines récoltes drastiquement réduites par le conflit qui la secoue et la Russie qui représente 19.5% des exportations de blé mondial choisira ses partenaires commerciaux en fonction de ses intérêts propres(Le Courrier International). 

Le déficit d’approvisionnement ne sera malheureusement pas compensé par d’autres pays exportateurs comme les Etats-Unis ou le Canada qui sont affectés par des aléas climatiques.

Conséquence inévitable :  nous pouvons anticiper une forte tension sur les marchés due à un écart croissant entre l’offre en baisse que nous venons d’évoquer et une demande qui elle, est en hausse.

Mais les défis ne s’arrêtent pas là, L’explosion des coûts de l’énergie et de certaines matières premières comme l’aluminium, le plastique (lié à l’augmentation du prix du pétrole) vont impacter sévèrement la chaine de valeur complète de l’industrie agroalimentaire.

Le tableau des semaines, voire des mois à venir est donc assez sombre. Quelles réponses à apporter ?

Quelques pistes de réflexion 

La préoccupation de nombre de ménages français risque donc de se concentrer sur le pouvoir d’achat, avec le nécessaire recentrage des priorités vers la satisfaction des besoins élémentaires que sont se nourrir, se chauffer. Mécaniquement si ces deux postes budgétaires importants explosent, la part allouée aux autres bien de consommation baissera mécaniquement, avec les risques que cela représente sur l’ensemble de l’économie.

Pour jouer sur le budget alimentation, il existe peut-être une piste qui serait gagnante-gagnante, celle des circuits courts. En effet, s’approvisionner directement auprès du producteur, permet de s’affranchir des hausses liées aux intermédiaires, seul le surcoût lié aux matières premières restant à absorber.

Cette pratique peut-elle s’appliquer aussi à d’autres secteurs ? Peut-on ainsi réduire les coûts liés à l’explosion des coûts de l’énergie ? Par exemple, sera-t-il toujours aussi rentable d’avoir nos industries complètement délocalisées en Asie ? Ne doit-on pas saisir cette crise comme une réelle opportunité ?

Le paradigme de la délocalisation doit être revu. Nous devons réfléchir à relocaliser nombre de productions de biens de consommation, en repensant le modèle grâce aux nouvelles technologies ! Le modèle actuel où des usines sont disséminées dans le monde, avec les éléments de production faisant plusieurs fois le tour du monde, avant de finir en produit final destiné aux consommateurs a eu ses heures de gloire mais on constate qu’il est mis à mal par la moindre crise sérieuse (sanitaire, politique). Les coûts d’énergie sont en phase d’augmentation exponentielle et ne pourront que se retrouver dans le coût du produit final… Un container maritime qui coutait 3000€ rendu dans un port Européen il y a 12 mois coûte maintenant 17000€. (Chiffres de début 2022 avant la crise ukrainienne). Ces différents éléments remettent en question, nombre de préceptes sur lesquels nos sociétés de consommation sont bâties…

Et le numérique dans tout cela ?

Dans le renforcement des circuits courts

Le numérique a un rôle à jouer, qui de mon point de vue est essentiel dans les bouleversements à venir. Le choix des acteurs du numériques pour aider à la mise en place de ces circuits courts, peut également s’avérer gagnant.

De quel choix s’agit-il ?

Choisissons tout d’abord des plateformes respectueuses de vos données privées. Cela évite que vos données soient revendues à des géants du numérique, notamment américains qui sont assez peu écoresponsable dans leur approche industrielle.

Choisissons des places de marché qui respectent les entrepreneurs locaux et les indépendants, et non les acteurs asiatiques qui font du dumping… Il existe des acteurs dont l’ancrage local, vise à favoriser les acteurs locaux, et surtout dont l’esprit est de ne pas garder captif les internautes mais de les pousser précisément à exercer leur curiosité auprès des différents acteurs autour de chez eux.

Vous m’objecterez, qu’il s’agit d’une utopie. Eh bien non, je connais au moins un tel réseau qui existe, il s’agit de #smartrezo ! Il se construit petit à petit, il est loin d’être parfait, mais la richesse et la valeur de son contenu ainsi que l’éthique derrière le projet font qu’il me parait urgent que vous vous y intéressiez.

Dans la relocalisation de nos industries

L’autre aspect, dans le cadre d’une action long terme concerne la relocalisation de diverses industries en l’envisageant à l’aune des nouvelles technologies. Qu’entends-je par-là ?

Première question, devant l’hyper-personnalisation des produits à laquelle nous assistons, devons-nous rester sur des modèles productifs de masse ?

Devant les défis écologiques, et donc la nécessaire économie des ressources, le modèle industriel classique est-il toujours adapté ? De mon point de vue la réponse est évidemment non ?

Mais alors quel futur pouvons-nous inventer ? Encore une fois le numérique y aura toute sa place. Selon moi, deux piliers seront indispensables à cette transformation, l’Intelligence Artificielle, et l’impression 3D, la première devant permettre de concevoir les processus industriels optimisés pour la fabrication de pièces résistantes, peu consommatrices en ressources naturelles, la seconde permettant la réalisation physique de ces composants. Avec les progrès que l’on peut attendre dans ces deux piliers du numérique, on peut envisager d’arriver à optimiser la production de n’importe quel type de bien de consommation. Quel rapport avec les circuits courts m’objecterez-vous ? Contrairement au premier réflexe, il y a un rapport évident, la création d’unités de productions locales grâce aux technologies 3D peut permettre une relocalisation d’une partie de notre production, permettant de produire la juste quantité.

Les effets de cette transformation, auront des impacts sociaux massifs et économiques difficiles à envisager. La valeur ajoutée pourrait se retrouver dans la capacité à proposer les modèles numériques nécessaire à la fabrication du bien, et non plus dans l’outil de production.

Sur cette partie, nous sommes d’accord, le changement ne sera pas dans le court terme, mais il pourrait s’effectuer de façon beaucoup plus rapide qu’anticipée. En effet, une période où l’énergie était peu chère et abondante (mais polluante), est en train de prendre fin, et cela ne pourra qu’avoir des impacts de restructuration sur nos sociétés et économies.

Conclusion

Ces deux dernières années nous ont confronté à des événements funestes, ébranlant nombre de nos certitudes. Comme souvent, dans tout malheur quelque chose de bon est à prendre… En effet, nous pouvons faire le choix de saisir ces temps difficiles comme une opportunité d’effectuer des transformations radicales, mais nécessaires. Il est possible d’utiliser le numérique pour favoriser des circuits courts, ces derniers ont l’avantage de favoriser la production locale et auront donc un impact positif sur l’économie par une création d’emplois significative.

Ces transformations, sous réserve qu’elles soient menées correctement peuvent nous amener vers une nouvelle ère de prospérité, plus responsable socialement et écologiquement. Et cette transformation, ne pourra s’effectuer que grâce à un numérique maitrisé et souverain !

 

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