Le dénigrement de nos entreprises françaises un sport national ?
Je deviens de plus en plus agacé par la tendance du dénigrement généralisé sur les faiblesses supposées de l’écosystème numérique français ! Et d’une façon générale sur les capacités industrielles et entrepreneuriales françaises.
Le nouvel épisode qui m’a échauffé le sang, concerne le buzz médiatique autour de Chat-GPT… Tout le monde y va de sa fascination pour les avancées de cette technologie en martelant qu’encore une fois les américains sont en avance, ce sont les plus beaux et les meilleurs !
Quand une émission comme C’dans l’air participe à ce dénigrement dans son émission du 4 avril dernier, notamment par la voix d’un économiste influent dans le monde médiatique, monsieur Dessertine, c’est plus que pénible.
Les experts qui interviennent sur ces plateaux télévisés devraient plus travailler leur sujet. En effet, s’il n’y a pas de Chat-GHPT français ou européen ouvert au grand public, c’est peut-être parce que nos acteurs de l’Intelligence Artificielle générative se focalisent sur des cas d’usages à valeur ajoutée concrète et tournés vers des utilisations professionnelles.
Lorsque l’on cherche un peu, on s’aperçoit, qu’il y a 590 start-up en France, dont 60 % localisées en Île-de-France, comme le montre une analyse de France Digitale. Effectivement, ces entreprises ou start-up françaises n’ont pas l’envergure financière pour lancer une opération de communication marketing aux retombées aléatoires que représente l’opération Chat-GPT d’Open AI investie par Microsoft. Il est à rappeler que le développement qui entoure Chat-GPT maintenant 4, pose un certains nombres de questions comme nous avons pu le constater :
Problèmes éthiques dans l’application d’une couche de politiquement correct qui est idéologiquement marquée…
Problèmes de biais directs inclus dans le développement des algorithmes eux-mêmes, quelles méthodologies utilisées pour les minimiser ? Cela reste une boîte noire et ce manque de transparence est un réel problème.
Utilisation du web dans son ensemble comme base d’apprentissage, alors que l’on sait que les contenus diffusés sur la toile ne sont pas nécessairement vérifiés, sourcés, voire cohérents. Comment l’apprentissage se fait-il avec quels gardes-fous et quelles règles ?
Les problèmes de confidentialités, comme le montre certaines affaires d’utilisation de l’outil non contrôlé dans le monde professionnel (affaire Samsung – FrAndroid 6 avril 23)
Devant ces interrogations, n’est-il pas plus pertinent d’avoir un acteur français comme Lexistems, que je prends comme exemple, mais qui est loin d’être le seul acteur, qui se focalise sur le B to B, c’est à dire à destination des entreprises. Cette approche permet le développement d’outil efficace reposant sur une base d’information restreinte et contrôlée, dans une architecture technique dédiée au client final assurant à ce dernier une complète maîtrise des aspects de confidentialité de données et de sécurité.
Pourquoi je réagis aussi vivement et de façon aussi épidermique à ce dénigrement systématique des capacités de nos acteurs du numérique français (mais le numérique n’est pas le seul secteur touché), c’est que l’on a observé les années passées le même phénomène sur le cloud, en sous-entendant qu’en dehors des solutions américaines, point de salut, de même sur les solutions collaboratives.
Ce dénigrement, savamment orchestré par des personnalités importantes au niveau médiatique, télé, presse écrite, etc. fait que nos décideurs politiques et/ou administratif sont sous emprise de ces a priori aux conséquences funestes, lorsqu’ils n’en sont pas les complices actifs.
Les conséquences économiques sont importantes, notamment en privilégiant systématiquement les majeurs américains dans la commande publique, malgré les risques de sécurité et d’indépendance que l’on ne peut nier ! Ne pouvant accéder, ou n’y accéder que difficilement à ces marchés publics, cela ralenti la croissance de nos pépites françaises, ne leur laissant plus que le choix souvent d’être rachetée par ces acteurs américains. Il est savoureux de penser que si nos pépites étaient si mauvaises qu’affirmé par des (ir)responsables probablement sous perfusion monétaire de ces mêmes acteurs étranger, ces derniers ne prendraient pas la peine de les acheter…
Je ne peux que déplorer cette vassalisation américaine observée de nos élites médiatiques, éducatives, culturelles et politiques qui ajoute des boulets aux pieds de nos entrepreneurs, amoindrissant leur chance dans tous les types de compétitions économique auxquelles ils sont confrontés. Il serait peut-être temps de se réveiller non ?