L' Édito
Souveraineté industrielle et numérique : la chimère française
Depuis 2020, j’essaie d’être l’une des voix qui portent les thématiques de souveraineté numérique dans un premier temps, puis, plus globalement, car c’est indissociable, de la souveraineté industrielle. Ce combat, est un combat de souveraineté nationale, car la souveraineté européenne, n’en déplaise à de nombreux acteurs, n’existe pas, pour plusieurs raisons qui mériteraient à elles seules que leur soit consacré un article.
Dire que la souveraineté numérique et industrielle de la France est un combat du passé est faux, et nombre d’acteurs grands ou petits démontrent qu’elle reste possible, dans certains secteurs comme celui de la défense, Dassault (aviation et System), ou de la finance, (nous avons quelques belles banques), ou encore dans le domaine du luxe. Tous ont en commun l’excellence d’un savoir-faire et d’une technicité maîtrisée.
Cette réussite est le fruit de la volonté des entrepreneurs qui ont créé ces entreprises, et de leurs héritiers qui se sont battus pour les perpétuer et les faire croître. Elles ont aussi bénéficié, pendant longtemps, de l’excellence de l’Éducation nationale, d’une énergie bon marché, grâce au nucléaire, et d’infrastructures de qualité (ferroviaires, routières, portuaires, etc.), qui constituaient des atouts majeurs pour notre pays.
Depuis au moins deux décennies, ces avantages ont été mis à mal pour des raisons idéologiques : EDF a été presque démantelée pour favoriser l’industrie allemande, sans oublier notre Éducation nationale, qui ne forme plus vraiment les forces vives de la Nation. En effet, les évaluations s’enchaînent : PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis) 2022, TIMSS (Trends In Mathematics and Science Study) 2023. Et la réalité est difficile à affronter !
Prenons le dernier TIMSS 2023 par exemple : les petits Français sont derniers du classement des pays européens et avant-derniers des cinquante pays évalués (Le JDD du 4/12/24) ! Rappelons-nous aussi la décision du concours Puissance Alpha, qui regroupe 19 écoles d’ingénieurs, et qui a décidé de supprimer l’écrit de français, au motif qu’elle était trop anxiogène pour les candidats. (Le Figaro étudiant – 17/10/24). L’épreuve qui suscitait tant d’émoi n’était pourtant qu’un simple QCM…
Tout le monde s’accorde à pointer du doigt que le futur développement de l’économie sera basé sur l’innovation technologique et numérique. Comment pourrons-nous être encore compétitifs, alors que nous avons laissé des idéologues saccager notre Éducation nationale, détruisant pour les dix à vingt prochaines années au moins toute possibilité de fournir une élite scientifique et technique à la hauteur ? Des ingénieurs de relativement bon niveau sortent de nos filières d’excellence, mais pour combien d’années encore ?
Enfin, la principale solution proposée à la gestion calamiteuse des finances publiques, (une situation depuis des décennies, et qui s’est aggravée ces derniers mois), consiste en l’augmentation d’une imposition qui est déjà parmi les plus, sinon la plus élevée du monde. Comment nos entreprises peuvent-elles espérer rester compétitives et continuer d’investir ?