Close

Stratégie souveraine : Hébergement

Source: Pixabay

Dans un précédent article, je vous parlais de la stratégie souveraine. Pour construire sa stratégie de souveraineté numérique, l’un des piliers est l’hébergement.

C’est un élément clé qu’il faut maintenant réviser à l’aune de l’invalidation du Privacy Shield. Dans cet article je vais essayer de vous brosser deux stratégies possibles, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients.

Hébergements non souverains

Dans une vision purement juridique, liée à l’invalidation du Privacy Shield, et les recommandations de la CNIL (Le monde Informatique), pour se protéger des lois américaines, il est conseillé de stocker ses données chez plusieurs fournisseurs en les cryptant données. Les clés de chiffrement doivent elles, être stockées dans l’union européenne. Il est même recommandé qu’aucun des fournisseurs ne soit en capacité de reconstruire la donnée complète.

On le voit cette approche peut-être vite complexe et coûteuse à mettre en œuvre. Je serais surpris, même si je n’ai pas de chiffres, que cette piste soit privilégiée, on peut même envisager que nombre d’acteurs n’aient pas encore pris la juste mesure du risque juridique et soient plutôt sur une attitude attentiste. Il existe heureusement d’autres possibilités.

Hébergements souverains

La seconde option est de favoriser des acteurs français ou européens de l’hébergement. Je vais me focaliser sur les solutions françaises, et là encore je n’aurais pas la prétention d’être exhaustif.

Comme nous allons pouvoir le constater, il existe un nombre important d’acteurs de tailles variables et offrant des solutions variées.

L’éventail va de petits acteurs, voire de start-up avec des concepts novateurs, à des acteurs connus et reconnus.

Dans les acteurs de taille internationale et bien établie, nous trouvons des sociétés comme OVH Cloud, Scaleway (Groupe Iliad), Outscale (3DS) ou encore le Cloud Orange.

Chacun de ces acteurs a de sérieux atouts pour être une alternative à l’utilisation des services cloud américains (Google Cloud, Microsoft Azure, Amazon AWS) ou encore chinois…

Quel que soit le choix de la solution, il faut prendre en compte un ensemble de paramètres :

  • Le coût : je l’ai mis en tête, parce qu’hélas c’est souvent le moteur principal voire unique de la décision…
  • La réversibilité : en effet quel que soit l’acteur que vous choisissez, vous sera-t-il facile d’en sortir pour aller chez un autre ou réinternaliser ?
  • Les fonctionnalités : quelles sont les fonctionnalités offertes ? Sont-elles toutes au même niveau, avez-vous réellement besoin de fonctionnalités optionnelles « offertes » ? Evitez de vous laisser appâter par des fonctionnalités « sexy », mais que vous n’utiliserez jamais !
  • Votre exposition juridique : à quel droit votre décision vous soumet-elle ?
  • Quelle est la devise du contrat ? On l’oublie souvent mais établir des contrats en dollars vous expose à l’extraterritorialité des lois américaines. Pour des grands groupes européens il serait temps d’imposer les contrats en euro…
  • La disponibilité / proximité du support et la facilité de communiquer avec votre fournisseur.
  • La localisation géographique des Data Centers

Là encore la liste n’est pas exhaustive, mais elle peut vous permettre de vous rendre compte que la bonne solution n’est pas forcément celle qui vous est présentée de façon sexy sur un jeu de diapositives PowerPoint…

Voici une cartographie des acteurs principaux français de l’hébergement, cette cartographie n’est probablement complète, mais donne déjà une vision de la richesse de notre écosystème.

Cartographie des hébergeurs

Pourquoi choisir un hébergement souverain ?

 

Cette question ingénue, peu d’entreprises françaises et ce quel que soit leur secteur d’activité, se la pose. Il est même regrettable que nombre de nos pépites du numérique ne se soient pas posé la question en ces termes, et cela peut avoir différentes conséquences plus ou moins fâcheuses à long termes…

Nous pouvons citer l’exemple d’Amazon qui lance un service de téléconsultation et de prise de rendez-vous, qui certes pour le moment a peu de chance de s’implanter en Europe, mais devient de fait un concurrent de #Doctolib qui est hébergé par AWS (Amazon). On peut se poser la question du côté judicieux de ce choix au final ?

L’autre angle par lequel on pourrait commencer à regarder ces choix, c’est l’angle de la politique de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) que revendique un certain nombre de grands groupes. N’est-il pas de la responsabilité sociale des grands groupes de permettre à l’écosystème français de se développer et maturer avec eux ? Il semble que les Allemands ont un tissu économique qui a plus l’habitude de travailler en synergie…

Le dernier point qui est important encore une fois, est que travailler avec un hébergeur français, c’est se mettre sous le régime juridique français qui est certes plus contraignant, mais beaucoup plus protecteur, notamment sur les aspects des données avec le RGPD. Cela est aussi un argument commercial qui peut rassurer vos clients.

 

Conclusion

 

Vous ne serez pas surpris, si je favorise l’hébergement chez un acteur souverain. Les arguments sont plutôt solides, et je refuse l’approche comptable court termiste qui ne permet pas nécessairement de juger du coût réel des solutions des #gafam, trop de paramètres n’étant pas pris en compte… Par ailleurs, les paramètres économiques seuls, ne doivent pas diriger la décision.

Il est de notre responsabilité à tous les acteurs économiques français publics ou privés de favoriser les acteurs nationaux, ceci notamment pour constituer et maintenir un vivier de compétences indispensables à l’économie de demain, mais aussi de consommateurs au pouvoir d’achat permettant la consommation des produits et services proposés…

scroll to top