Interview d’Henri Delattre CEO et Co-Fondateur de Global Smart Rescue. Cette start-up propose une solution technologique intéressante pour gérer les communications en cas d’événements cataclysmiques ou de conflits…
[Emmanuel M] : Bonjour Henri, je vous remercie d’accepter cette interview. Avant d’aborder votre aventure Global Smart Rescue, pourriez-vous nous brosser rapidement votre parcours ?
[Henri Delattre] : Opticien j’ai développé une entreprise de négoce d’or d’investissement (5 agences sous franchise Comptoir national de l’or) pour un CA annuel en moyenne de 10 millions d’euros.
Le co-fondateur, un ami, est venu me chercher afin de créer et développer cette jeune société technologique il y a deux ans, j’ai très vite fait le choix, au vu du potentiel et de l’intérêt y compris humain du projet, de financer en early stage et en seed pendant cette période (qui arrive à terme) de développement.
[EM] : Concrètement Global Smart Rescue, le concept c’est quoi ?
[HD] : Notre constatation originelle est que, lors de catastrophes naturelles, technologiques ou humaines (conflits), la perte des moyens de communications et de vision des évènements du terrain augmente les bilans humains et matériels.
Notre solution brevetée allie le newspace et IA (avec l’utilisation de l’iot satellite) afin de garder une communication minimale et la surveillance de paramètres physiques entre le terrain et les secours, les commandements, etc…, et cela même en cas de blackout des réseaux habituels ou de zone blanche.
Nous gérons donc de l’alerte et de la télé opération tant par des messages et actions envoyés par des humains, opérateurs, qu’automatisés sur des variations de paramètres environnementaux anormaux (par ex variation de température et/ou pression, accéléromètrie, etc..)
Nous avons donc créé pour cela la Little Alert Box un hardware et des logiciels d’analyse. De plus, avec notre expérience sur les besoins du terrain, nous allons sous peu proposer un ensemble de solutions à 360 sur le Rescue, le management de crise et la résilience des réseaux.
[EM] : Quels sont vos concurrents ?
[HD] : Paradoxalement nous avons des concurrents sur certaines de nos briques techniques, mais peu ont intégré cette vision complète que nous avons développée, notre système fonctionne donc par IoT satellite, des messages courts, textes ou données actuellement de 256 octets.
Nos concurrents les plus proches sont soit des systèmes de communication satellite lourds et couteux, soit de simples terminaux sans intelligence dans le traitement des données.
J’ajouterai que dans l’intelligence artificielle il faut de la collecte de données et pour cela il faut du hardware sur le terrain ce que tout le monde ne fait pas.
[EM] : Vous êtes situés à Labège (près de Toulouse), quelles raisons ?
[HD] : Le SICOVAL nous a offert l’opportunité de nous donner accès à des locaux dans la pépinière d’entreprises PROLOGUE. Nous sommes aussi financés en partie par la BPI (PIA3), Airbus Développement et L’ESA BIC
Dans ma vision d’une entreprise, j’ai préféré des locaux indépendants comme l’offre PROLOGUE plutôt que d’être dans les bureaux d’incubateur.
[EM] : Malgré son nom, Global Smart Rescue est bien une entreprise française (capitaux et de droit français) ? Sa technologie est-elle française ?
[HD] : oui tant en capitaux que de droit (SAS), ainsi que les actionnaires et nos partenaires techniques Kalisio Vizion et T-OPS.
Néanmoins dans le hardware il y a bien des approvisionnements qui ne sont pas encore français ou même européens
[EM] : Pour vous est-ce que les concepts de Souveraineté Numérique sont des points importants dans votre vision de votre développement ?
[HD] : Bien sûr c’est même dans mon ADN, de plus nous voyons à plus forte raison depuis la guerre en Ukraine l’importance de centrer au maximum sur notre souveraineté française et si cela n’est pas possible sur l’Europe. Et c’est une demande, voir une condition de plus en plus fortement exprimée par nos futurs clients. Néanmoins cela impacte le coût final de la solution, ce que je prévois c’est de proposer diverses versions plus ou moins souveraines.
[EM] : De ce que je comprends de votre technologie, il s’agit de pouvoir maintenir un réseau en fonctionnement en mode dégradé. La France peut-elle être encore innovante et souveraine dans ses infrastructures du numériques ?
[HD] : C’est bien ça ! innovant certainement, il y a une vraie demande de souveraineté néanmoins le coût est souvent un élément clef de la prise de décision des acteurs même en cas de RIO important.
Et il y a fort à faire dans l’amélioration de la résistance des réseaux numériques en ces temps de changement climatique et de guerre…
[EM] : La France peut-elle encore jouer un rôle d’innovation et moteur dans les infrastructures du numérique ?
[HD] : La France restera je pense très innovante et à de belles infrastructures comme le CNES mais je crois que nous devrions être plus chauvins dans les prises de décisions des donneurs d’ordres tant privés que publiques. Pour les affaires nous devrions prendre plus exemple sur l’agressivité patriotique américaine.
[EM] : Pour en revenir à Global Smart Rescue, pourriez-vous nous donner quelques chiffres clés ?
[HD] : Deux ans de développement pour arriver à la pré industrialisation (le hardware c’est long)
Nous sommes dix dans l’entreprise.
Entre les différents financeurs déjà cités 400 000 € investis
Notre premier contrat signé ce mois pour 50 000€
[EM] : Quelle vision à 5 ans avez-vous ?
[HD] : l’agrégation intelligente de la data hétérogène et sa collecte (hardware) sont un enjeu majeur et nous sommes dessus et les preuves d’intérêts confortent nos prévisions sur un CA à 5ans dépassant les 100 M€
[EM] : Nous arrivons à la fin de cet entretien, quelle serait votre conclusion ?
[HD] : GSR existe depuis deux ans et deux crises majeures dans le monde, notre équipe et moi-même sommes convaincus que GSR apporte de solides solutions dans un monde difficile.