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L’Homme augmenté

homme augmenté

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L'Homme augmenté, la fin de l'Humanité

Homme augmenté de quoi parle-t-on ?

De quoi parle-t-on, lorsque nous abordons le sujet de l’homme augmenté ? Si on reprend la définition du Larousse sur le verbe augmenter, il s’agit de rendre quelque chose plu grand, plus considérable, donc d’accroître ses capacités initiales. Si nous l’appliquons à l’homme, l’objectif serait donc le rendre plus fort ? Plus intelligent ? Plus résistant ? pour Wikipédia, cette notion se réfère à des tentatives temporaires ou permanentes de surmonter les limites actuelles du corps humain, par des moyens naturels ou artificiels.

Nous ne pouvons cependant pas évoquer cette notion sans parler de cette idéologie particulière portée notamment par les dirigeants des géants du numérique américain, le transhumanisme. Pour cette idéologie particulière, vend le rêve que l’humain pourrait « devenir plus qu’humain » grâce à la technologie, avoir une vie plus longue, être plus intelligent, avoir plus de créativité être plus performant (Transhumanisme). Cette idéologie se veut la prochaine évolution de l’humanité Homo Deus, avec des conséquences qui sont loin d’être positives et flirtent parfois avec l’eugénisme (L. Alexandre)…

Cette notion établie, nous allons pouvoir mettre en perspective deux éléments, l’augmentation de l’homme est-elle en soit mauvaise et quel rôle la technologie et notamment le numérique peuvent avoir.

Être augmenté, et alors ?

Si on revient à la définition portée par Wikipédia, il s’agit donc d’une modification temporaire ou permanente du corps humain. On peut donc considérer que l’utilisation de drogues, dans le cas du dopage sportif est une forme d’augmentation. Dans ce cadre particulier, la recherche de la performance à tout prix est problématique et pose de sérieux problèmes moraux. Que l’on peut retrouver dans certaine mesure dans l’usage de drogue par différents dirigeants dans le but d’augmenter leurs capacités intellectuelles ou de résistance. Si on en voit les gains, on en voit les limites éthiques, mais aussi les risques pris par ceux qui s’y adonnent en termes de santé.

Il est cependant un autre domaine où « l’augmentation humaine » trouve sa pertinence. Il s’agit du traitement de pathologies ou d’handicaps. Dans ce cas l’augmentation vise à réparer un dysfonctionnement lié à une situation qui a rendu l’individu diminué par comparaison à un individu caractérisé comme « normal ». Et dans ce cas, nous comprenons bien, qu’il s’agit d’un progrès réel de qualité de vie pour les personnes touchées.

Comme souvent, une notion n’est ni bonne, ni mauvaise en soi et dépend beaucoup de l’objectif recherché et des motivations intrinsèques de l’utilisation de ces possibilités. Cependant devant les changements sociétaux que l’on a pu observer par l’invasion du numérique dans l’ensemble de nos activités et du corps social, je trouve qu’il est important de questionner la direction que nous prenons.

La révolution numérique, « Digitale », n’a pas que des impacts positifs, bien au contraire. La prolifération des écrans, des réseaux sociaux et la prolifération d’information à laquelle nous avons accès (infobésité) font que nous sommes sollicités de toute part (messages, notifications) obérant ainsi notre capacité de concentration (ça m’intéresse – Les conséquences désastreuses du digital sur notre cerveau). Par ailleurs, l’accès aux informations n’importe où, n’importe quand fait que nous sollicitons de moins en moins notre mémoire et que nous perdons nos capacités d’analyse critique. L’immédiateté faisant perdre cette capacité de recul nécessaire pour traiter l’information et l’analyser.

On peut d’ailleurs déplorer que dès le plus jeune âge, les écrans et claviers remplacent le travail d’écriture manuelle et de lecture qui sont des instruments puissants de construction de notre pensée et de notre capacité de prise de recul et d’analyse.

Quelles sont les promesses de l’augmentation de l’homme par les technologies ? Il y en a de différent ordre. En effet les biotechnologies font la promesse d’une vie prolongée et qui sait, en meilleure condition physique, même si cela demande à être confirmé dans les faits. Certes la durée de la vie s’est allongée, mais l’apparition / généralisation des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ne rendent pas la fin de vie particulièrement attractive…

Nous avons d’autres promesses, que je trouve encore plus préoccupantes par les tenants du transhumanisme, où les technologies du numérique permettraient une intégration plus aboutie Homme/Machine. Vous pensez probablement que je fantasme ! Cependant, regardez les investissements faits notamment par cet entrepreneur génial Elon Musk, sur les technologies de puces cérébrales (Futura – Le Projet Neuralink d’Elon Musk inquiète beaucoup les scientifiques). Si l’on peut comprendre l’intérêt de ces interfaces neuronales, cela soulève pourtant beaucoup de questions. Ces sujets ont foisonné dans la littérature de Science-Fiction, domaine littéraire largement dominé par les Anglo-saxons et les Américains en particulier, tendance qui pourrait s’expliquer par l’impérialisme progressiste porté par les Etats-Unis. S’agit-il d’une conception de la destinée humaine radicalement différente entre le nouveau monde et le vieux continent et plus particulièrement la France, difficile à dire. Les tenants de la philosophie des lumières, auraient-ils influencé par JJ Rousseau notamment un rapport à la nature différent de la vision philosophie anglo-saxonne ? C’est une question à laquelle j’aimerais avoir un début de réponse.

Quels impacts fondamentaux ?

Mais cessons de nous appesantir sur la dimension philosophique de la question et attachons-nous à évaluer les obstacles et risques inhérents à l’implémentation de telles « augmentations » de l’homme. Si l’une des options de l’augmentation humaine est liée au numérique (matériel et logiciel) plusieurs questions concrètes se posent.

Quelle sera la durée de vie des implants (interface neuronale) dans le corps humain, quels risques de rejet biologique ?

Si nous sommes dans un mode hybride homme-numérique, comment s’assurer de la cybersécurité intrinsèque de ces implants ? En effet, si jamais ses implants étaient piratés, quels risques courrait l’individu qui en serait équipé ?

L’utilisation des ondes (Blue Tooth ou Wifi) quels impacts biologiques lorsque les implants sont dans un environnement biologique ?

Comment l’esprit humain réagira-t-il face à de multiples stimuli artificiels, comment faire le tri entre ce que nos capteurs biologiques nous transmettent et les informations transmises par d’éventuels capteurs étrangers ?

Conclusion

Mon inquiétude face à ces questionnements vertigineux, que deviendra l’Homme, qui était depuis les origines une part inhérente à la nature ? Deviendra-t-il l’un des multiples composants dans un monde technicisés où la nature n’aura plus besoin d’être ? Comment pourrait évoluer nos sens ? Quelles fonctionnalités jusque-là propres à l’humain seront abandonnées ?

Face au progressisme sans limite, à la remise en compte de ce qu’a été notre évolution, ne faut-il pas reprendre un peu de hauteur et permettre à des philosophes, intellectuels de penser la société vers laquelle nous voulons aller, et ne pas être des pantins emportés par le progrès, sans plus d’histoire, ni d’avenir ?

 

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