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Photonis : La prochaine désertion en rase campagne de l’état français.

Source: Photonis

Une nouvelle fois je prends la plume pour m’insurger sur ce qui me paraît être une nouvelle démission des pouvoirs publics français devant le diktat américain, encouragé par d’autres européens, ici en l’occurrence les Pays-Bas.

De quoi s’agit-il exactement, et pourquoi cette affaire est-elle emblématique ? Photonis est une entreprise française depuis sa sortie du groupe Philipps. Elle est spécialisée notamment dans l’optronique et les intensificateurs de lumières, et de ce fait, est d’un enjeu géostratégique et de défense vital pour la France notamment pour l’utilisation de ces technologies dans le domaine de la vision nocturne… Mais malgré cela, se profile une désertion en rase campagne de la part des plus hautes autorités de l’état (Les Echos)

 

En quoi cette affaire est-elle emblématique ?

 

Cette affaire est emblématique sur plusieurs points, le premier est l’incapacité des acteurs économiques et bancaires français à donner accès à des entreprises en croissance forte à des moyens financiers pérennes qui leur permettrait d’assurer leur croissance.

Cette déficience est encore plus flagrante dans le domaine de la défense où les acteurs innovants ont les pires difficultés à trouver des financements, notamment aux niveaux des banques qui sont très frileuses pour ce type d’activités, et ne jouent pas leur rôle (La Tribune)…

Devant ce désengagement traitre des banques, les pouvoirs publics restent pour le moins silencieux et dans l’incapacité de mettre en place des financements qui nous permettraient de conserver notre souveraineté sur des domaines industriels de pointe. Il est affligeant de penser qu’après un semblant de prise de conscience, notamment de la part du ministre de l’économie Bruno Lemaire, nous nous dirigeons vers un nouveau renoncement impulsé par le président de la République Emmanuel Macron, fossoyeur d’Alsthom alors qu’il était lui-même ministre de l’économie, mais ce n’est pas le seul dossier où sa gestion peut être remise en cause (Marianne).

 

Quelles conséquences ?

 

Je vais devoir hélas me répéter, les risques en pertes de souveraineté sont hélas connus et entrainent les mêmes impacts à chaque fois.

  • Garder notre souveraineté, c’est maintenir des emplois qualifiés en France. Photonis possède notamment une usine de production de haute technologie à Brive-la-Gaillarde. Cela signifie qu’il y a des emplois qualifiés en province. En termes de maintien de l’activité, cela ne devrait-il pas être une priorité ? Voir même de renforcer l’usine et les emplois sur cette usine.
  • Garder notre souveraineté, c’est également conserver une arme économique, source potentielle de richesse, à savoir des brevets sur des technologies de pointes.
  • C’est aussi ne pas dépendre des US et de leurs lois extraterritoriales lors de contrat de défense avec des pays tiers.
  • Enfin, c’est permettre à nos armées de continuer à détenir des équipements performants et de ne pas être soumis aux décisions américaines.

Comme ce bref panorama le montre, abandonner Photonis au contrôle américain, c’est comme pour le cas d’Alsthom risquer de perdre des compétences clés qui nous feront défaut, car Photonis n’intervient pas que dans le secteur de la défense mais aussi dans celui de la santé. C’est encore une fois le risque de perdre notre indépendance sur des chaines de valeurs complètes, comme c’est le cas depuis la vente d’Alsthom où nous avons perdu la maitrise de la chaine industrielle complète d’une centrale nucléaire (FrontPopulaire). Et comme dans de nombreux cas similaires, nous verrons d’ici 1 à 2 ans des plans sociaux et le site de Brive-la-Gaillarde être remis en cause et ce malgré les promesses de Teledyne, qui comme les promesses de nos politiques n’engagent que ceux qui y croient…

 

Quelles solutions ?

 

Il est très compliqué de répondre à cette question, en effet comme nous avons pu le constater, les banques ne semblent pas jouer leur rôle essentiel dans l’économie nationale, lorsqu’il s’agit notamment de l’industrie de défense (Les Echos / La Tribune) Cela a un impact non seulement pour Photonis, mais aussi pour nombre d’acteurs de petites tailles mais innovant dans ce domaine qui se trouvent fragilisés et risquent de ne voir leur salut que dans les investisseurs étrangers…

Pourtant des initiatives comme celles menées par la DGA visent à sauver nos pépites nationales (Les Echos). De même  notre ministre de la défense actuelle, Florence Parly, a donné le coup d’envoi à un nouveau fond d’investissement dédié à la défense, DefInvest, doté de 50millions d’euro  (Les Echos), cependant cette somme parait dérisoire face aux enjeux…

Il reste aussi toujours la possibilité d’une nationalisation partielle, qui ne semble pourtant pas envisagé d’après ce que j’ai pu lire. Il s’agirait pourtant d’une manœuvre judicieuse surtout si l’état entrait à hauteur de la minorité de blocage…

 

En conclusion

 

Hélas une nouvelle fois, force est de constater que, malgré l’affirmation d’une prise de conscience des sujets de souveraineté industrielle et stratégique, Emmanuel Macron président comme Emmanuel Macron ministre de l’économie, continue de brader les fleurons économiques et industriels de la France, accélérant la paupérisation de notre pays sur le long terme.

Ses actions et celles de son gouvernement, se retrouvent au niveau du numérique où notre souveraineté aussi est mise à mal, pour mémoire le Data Hub Santé avec le choix du Cloud Microsoft Azure (voir article ici et ici), la BPI qui stocke les données des emprunts garantis par l’état sur le cloud AWS d’Amazon (voir article ici), j’arrêterai ici cette litanie mortifère.

Reste-t-il encore de l’espoir, je veux le croire, il me semble sentir un frémissement dans cette prise de conscience de l’importance de notre souveraineté, de plus en plus d’acteurs se mobilisent, notamment dans le numérique (PlayFrance.Digital), mais le chemin sera long et parsemé d’embûches…

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