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Les Objets Connectés, quels dangers ?

Virtual glasses

Source: Pixabay

Les objets connectés sont sources d’inspiration pour nombre de start-up et d’acteurs établis du numérique. Les possibilités sont vertigineuses, et le renforcement des capacités de débit (fibres, 4G puis maintenant 5G) rend possible des projets qui étaient à peine envisageables, il y a encore 5 à 10 ans.

Ces avancées technologiques et les usages qui en découlent, sont à la fois passionnant et inquiétant. On ne peut nier les dangers que représentent ces capacités techniques sur notre art de vivre, voir notre humanité pour un gain humain difficile parfois à décrypter.

 

Premières alertes

 

Bien que cela soit passé sous les radars, la première alerte est venue avec les assistants dit « intelligents », que cela soit sur vos smartphones ou tablettes (#siri #googleassistant), avec l’assistant vocal #alexa d’Amazon ou encore avec DuerOS de #Baidu, des outils qui dans l’absolu peuvent effectivement apporter une aide non négligeable. Mais nos #gafam ont confondus vitesse et précipitation, comme souvent. Adepte des méthodes agiles et de développement itératif, il faut livrer vite un produit même imparfait puis on l’améliorera…

Le résultat a été l’arrivée sur le marché d’objets connectés absolument pas sécurisés (pandasecurity, Kapersky). Ces assistants afin de pouvoir répondre à vos demandes, vous écoutent à chaque instant, vous privant de toute intimité. Et surtout, ils conservent vos conversations, ce qui a été utile en 2015 lors d’une enquête policière en Arkansas, ils ont d’abord voulu accéder aux données #alexia, mais on au final utilisé les données du compteur d’eau intelligent. Comme évoqué aussi dans le blog de Kapersky, la reconnaissance vocale ne permettant pas la différentiation des voix, des enfants ont pu passer commande d’article en lieu et place de leurs parents…

Mais si ce n’était que cela, et que vous ayez la certitude que ces enregistrements vous appartiennent et ne peuvent être partagés en dehors de procédure judiciaire cela serait un moindre mal. Mais des scandales à répétition en 2019, montrent que le problème est plus sérieux. En effet, il a été avéré que des enregistrements étaient écoutés par des employés des différentes firmes, dans l’intérêt de l’amélioration continue de la reconnaissance vocale (enrgS). Le mythe de l’Intelligence Artificielle donné pour endormir votre vigilance, qui apprendrait toute seule. Ces affaires révèlent une situation qui coule de source, il faut des enregistrements (dans ce cas sans votre accord) afin d’entraîner les IA.

Nous trouvons aussi les montres connectées qui vous permettent de suivre notre état de forme, signes vitaux, distance parcourues, etc…, des balances connectées et autres objets orientés autour de la santé. Se pose dans ce cas-là la question du traitement de vos données, d’où une profonde méfiance lors du rachat de #Fitbit par #Google… Sur ce plan je privilégie des acteurs souverains comme #withings.

Il y a eu aussi un projet #googleglass, qui a finalement été repositionné d’un usage grand public à un usage professionnel. A l’époque je dois dire que mon côté geek m’avait laissé à penser que cela était génial, et ouvrait des possibilités fantastiques… Cependant, depuis j’ai pris du recul sur ces sujets.

 

Nouvelles inquiétudes

 

Il est clair que la multiplication des objets connectés collectant une masse de données, et qui peuvent ouvrir des failles dans notre sécurité nationale (exemple des applications de jogging – Le Monde), ne peut que nous interroger.

Et voilà que #Facebook (grand défendeur de vos données personnelles), vient de lancer en collaboration avec Rayban, des lunettes connectées grand public (Usine Digitale). Elles permettent notamment de prendre des photos et des petits films d’une trentaine de seconde…  Elles sont aussi pourvues côté son de haut-parleurs et de 3 microphones qui permettent de garantir une bonne qualité de prise audio…

Facebook met en avant sur ce produit des aspects de sécurité et de respect de la vie privé, qui a mon sens ne répondent pas à ces enjeux. En quoi le fait qu’il y ait une led rouge lors de l’enregistrement empêchera-t-il de prendre des vidéos ou des photos sans le consentement des personnes alentours ? Par ailleurs, comme tout contenu publié sur #Facebook, ce dernier s’arroge le droit de pouvoir l’utiliser à différentes fins. C’est aussi une magnifique source de données privées utilisables par d’autres start-up avec ou non l’accord de #Facebook, comme l’a montré l’affaire clearview (Usine Digitale) où cette start-up a pu s’appuyer sur les masses de photos de #Facebook pour affiner son logiciel de reconnaissance faciale. Par ailleurs, pensez à ce que pourrait devenir un tel outil dans les mains d’un paparazzi ? Quel pourrait être aussi les impacts sur la vie politique de nos pays occidentaux, il deviendrait aisé de piéger et de sortir hors contexte des phrases ou de vidéo de nos responsables politiques… Cela fait froid dans le dos… Et bien entendu, on peut voir là tous les mésusages qu’ils pourraient y avoir dans le cadre privé plus largement…

Comment réagir ?

 

La boîte de pandore avait été entre-ouverte par #google grâce à ses #googleglass, ces dernières n’ont pas rencontré le succès commercial auprès du grand public et s’est orienté vers l’univers des applications professionnelles où elles ont toutes leur pertinence. Mais avec ce partenariat, « Facebook et #Rayban ouvrent complètement la boîte de pandore, que faire ?

En France, nous avons le génie de la législation et de la réglementation, probablement des choses pourraient –elles bouger de ce côté-là… Mais c’est plutôt du correctif et des actions à posteriori. Peut-on imaginer d’autres alternatives ?

On peut se demander face à la prolifération de ce type d’objets connectés et de la capacité de nuisance qu’ils peuvent représenter, si nous n’aurons pas l’émergence de nouveaux acteurs de la sécurité et de la contre-surveillance. Nous pourrions voir l’apparition de différents outils, permettant de créer des bulles de confidentialité, en empêchant ces nouveaux objets connectés, d’enregistrer ou de transmettre, avec tous les problèmes légaux que cela pourrait amener.

Mais je dois dire que devant cette société de la surveillance continue que je vois poindre, je serais assez friand de ce type d’outils malgré les risques légaux potentiels encourus…

 

Conclusion

 

Tout d’abord, force est de constater que l’apparition de ces objets connectés et de ces possibilités techniques n’a pas donné lieu à une étude sérieuse de leurs impacts philosophiques et éthiques

Une nouvelle fois, il nous manque un véritable espace de réflexion, avec le cadre intellectuel (je n’aime pas ce terme) suffisant, afin de nous permettre d’évaluer les risques apportés par l’apparition de ces technologies qui arrivent à un rythme effréné.

De plus, personne ne se pose la question de l’utilisation de cette masse de données, par qui et dans quel but.

Je crains hélas que nous ne foncions tête baissée dans un monde Orwellien, heureux d’abandonner notre libre arbitre et notre capacité à réfléchir… Entrons-nous dans l’ère du système technicien, comme l’a écrit Jacques Ellul (Le livreVidéo ) ?

Notre capacité à dépasser notre attrait pour la nouveauté et à la questionner, ainsi que de remettre non pas seulement dans les paroles, l’humain au centre nous permettra potentiellement de sortir de la dictature de l’immédiateté et du tout technologique…

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