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Que dis le choix de British Telecom par la commission européenne de sa conception de la souveraineté numérique ?

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Source : Internet

Dans le milieu des « souverainistes » technologiques, une nouvelle affaire pointe, concernant le rôle pour le moins ambigu de l’Europe dans la défense de nos intérêts fondamentaux. Dans bien des domaines, touchant au numérique, nous avons déjà eu l’occasion de constater un certain tropisme pour les géants du numériques américains, souvent au détriment de nos acteurs européens ou nationaux.

Dans l’affaire qui nous concerne, nous allons nous intéresser à un nouveau cas de dissonance cognitive dans l’application de la défense de nos intérêts.

Contrat pour les communications européennes sensibles ?

D’après les informations qui circulent (Politico) la commission européenne a donné son feu vert provisoire pour la gestion de ses services télématiques transeuropéens entre administrations (TESTA) au fournisseur britannique British Telecom (BT). Il s’agit de permettre aux administrations européennes et nationales d’échanger des données dans plusieurs domaines de manière fiable et sécurisée.

On ne peut que s’interroger sur les raisons de ce choix. Tout d’abord, pourquoi donner ce contrat à l’opérateur historique d’un pays qui a décidé de claquer la porte de l’Union Européenne ? Le message envoyé par une telle décision est que vous pouvez quitter l’Europe (Brexit) et continuer à moissonner avec vos entreprises des milliards d’euros de contrats européens…

Au-delà de cette question de cohérence politique, cette décision soulève des inquiétudes quant au respect de la vie privé et de la sécurité des données européennes. 

N’oublions pas que nos « amis » britanniques sont membres de l’alliance les « Five Eyes ». Alliance qui ne regroupe que des pays anglo-saxons, et qui vise un maillage mondial de surveillance et d’information électronique et numérique (Le Monde Diplomatique).

Il est donc tout à fait surprenant que personne ne réagisse à ce qu’un service de communication clé et sensible soit confié à une entreprise se trouvant dans le giron de cette alliance. Rappelons, comme l’a fait Politico à la fin de son article, que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) dans un arrêt de 2018, a notifié que les autorités britanniques avaient violé le droit à la vie privée dans le cadre de son programme de surveillance de masse et partagé illégalement des données avec leurs partenaires. Il s’agit ici d’une allusion à la fameuse alliance Five Eyes…

Seules quelques voix dissonantes se sont élevées au sein même des instances européennes, pour dénoncer l’hypocrisie de la décision à l’heure où la Commission Européenne vante son objectif d’autonomie stratégique…

La commission Européenne a été sollicitée par Politico pour obtenir des réponses aux questions soulevées par son article, sans succès. Sur twitter, l’information et une demande de réaction ont été relayées sans succès par Souveraine Tech… La commission Européenne fait la sourde oreille une nouvelle fois aux questionnements légitimes sur une politique d’attribution de marchés pour le moins surprenante…

Conclusion

Une nouvelle fois l’Europe se trouve face à ses propres contradictions entre sa vision affichée en matière de souveraineté, son ambition en matière géopolitique et ses décisions qui semblent dictées par le tropisme Atlantiste de nombre de ses membres.

Cette décision est à remettre en cause, il est temps que l’Europe songe à protéger ses intérêts ! Il est donc crucial de se mobiliser pour clarifier quelle Europe nous souhaitons construire et surtout de mettre en pratique concrètement la volonté affichée d’être souverain sur notre industrie notamment numérique. Il est de plus crucial de continuer de protéger nos concitoyens européens des abus concernant l’utilisation de nos données, notamment du côté de nos amis anglosaxons qui n’ont que faire de nos règles…

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