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numérique angle mort des retraites

La transformation numérique l’angle mort de la discussion sur les retraites ?

Sujet brûlant de l’actualité, la réforme des retraites et le passage de l’âge pivot à 64ans mobilise l’ensemble des opposants aux projets. Je n’aborderai pas le bien-fondé de cette réforme, ni de ses aspects techniques ou de ses ajustements.

Mais je suis persuadé que cette réflexion sur la thématique des retraites devrait s’intégrer à une approche plus globale sur le travail, et notre rapport au travail, ce d’autant plus que nous sommes en pleine révolution industrielle, un état de fait qui change beaucoup de paramètres et devrait nous interroger…

Je vais essayer ici de vous proposer quelques pistes de réflexion, il n’est pas question d’assener une quelconque vérité intangible mais d’ouvrir des champs de questions afin de mûrir une réflexion globale prenant en compte la complexité croissante de l’environnement professionnel…

L’Intelligence Artificielle

Ce secteur est transversal et joue un rôle important dans de nombreux secteurs technologiques, comme nous pourrons le voir dans les prochaines sections…

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle (IA) ?

Contrairement, à ce que fantasment beaucoup de personnes, à ce jour, il n’y a pas Intelligence Artificielle dotée d’une conscience propre. Ce n’est pas faute d’investir dans la recherche sur ce domaine et peut-être qu’un jour plus proche qu’on ne le pense, on verra éclore ce type d’Intelligence Artificielle.

En l’état actuel, l’IA est l’ensemble des technologies basées sur les algorithmes Machine Learning et Deep Learning, qui permettent de traiter de l’information sur des schémas liés à leur apprentissage basé sur de grands volumes de données (Big Data).

L’exemple le plus médiatique de cette révolution en cours, c’est Chatgpt de l’Open AI, qui dans sa version professionnelle (payante) permet de rédiger des poèmes, écrire des programmes, de soutenir un examen de droit, etc.

Microsoft ne s’y est pas trompé, et a investi lourdement dans OpenAI, persuadé que cela lui permettra de reprendre le leadership sur Google, l’avenir nous le confirmera… Si je ne partage pas cet enthousiasme béat (mon article) à ce stade, il ne faut cependant pas négliger qu’il s’agit d’une première étape et que de nombreux bouleversements sont à prévoir. Et dans le questionnement qui nous préoccupe, on ne pourra que constater que les emplois tertiaires, y compris à haute valeur ajoutée (Ingénieurs, Développeurs, etc.) pourraient se trouver eux aussi touchés par cette automatisation. La question qui au final se pose, quel impact sur l’emploi de ces catégories, et quel sera le niveau de qualification minimale attendue…

La robotisation

Cela fait des années que l’industrie s’équipe en robots industriels, changeant ainsi drastiquement la nature de la production industrielle en automatisant de plus en plus de tâches à faible valeur ajoutée, répétitives et physiquement éprouvantes. Par nature ces changements entraînent une réduction du besoin en main d’œuvre peu qualifiée.

En alliant les progrès proposés dans différents domaines de la robotique à l’Intelligence Artificielle, on devine des possibilités qui n’ont pas encore diffusé dans le domaine industriel. Il suffit de voir les démos de Boston Dynamics sur ses robots chiens ou humanoïdes…

Ce qui nous apparaissait comme de la Science-Fiction, il y a encore 10-15 ans est désormais possible, au moins au niveau prototype et expérimental, et on devine très bien que cela pourrait devenir notre quotidien professionnel, même si les coûts doivent drastiquement baisser pour cela…

Il est d’autres domaines où l’automatisation avec l’aide de l’Intelligence Artificielle pourrait changer complètement notre approche des besoins de certain métiers comme par exemple tout ce qui est Taxi, VTC ou même pilote de ligne… Le jour où les véhicules autonomes seront fiables et que les questions juridiques autour de leur utilisation seront levées, ce sont des pans entiers de notre économie qui seront impactés…

La numérisation du quotidien

Qu’est-ce que j’entends par la numérisation du quotidien ? Il s’agit de la numérisation, virtualisation et automatisation de nombreux services publics ou services client. Le fait de devoir faire sa déclaration en ligne, prendre un rendez-vous médical en ligne, consulter et gérer ses comptes en ligne, acheter en ligne, etc.

Tout cela entraîne des modifications conséquentes de l’organisation de ces différents secteurs d’activité, avec souvent à la clé, moins d’emplois…

Par ailleurs, cette numérisation des services, entraîne une fracture numérique, qui se traduit de plusieurs manières, toute la population n’est pas égale face à l’utilisation et l’acculturation aux nouvelles technologies. Par ailleurs ce secteur des nouvelles technologies évoluent rapidement et le maintien des compétences est parfois compliqué. De plus la fracture numérique se traduit aussi en termes géographique, le territoire national n’est pas également desservi même si le grand plan du câble fait de la France un pays plutôt privilégié…

C’est bel et bien beau, et les retraites ?

Justement, lorsque l’on voit tous les impacts réels et actuels de ces évolutions technologique sur le monde du travail et notre rapport avec le travail, et que l’on devine les prochains chambardements, se pose la question suivante : le problème des retraites est-il bien posé ?

Quel sera le marché de l’emploi, ne serait-ce que dans 10 ans, compte tenu des évolutions technologiques en cours ou en préparation?

Quelle sera l’organisation du travail devant cet accroissement de l’automatisation des tâches, qu’elles soient manuelles ou intellectuelles ?

Comment s’assurer que les compétences nécessaires dans ce monde technologique soient maintenues afin d’atteindre cet âge pivot de 64 ans ?

Comment sera conceptualisé le travail lui-même dans 10-20 ans, si nous continuons sur cet accroissement vertigineux de l’automatisation et de la virtualisation de l’ensemble des métiers ?

Question encore plus vertigineuse, quelle sera la place de l’homme et de la relation interhumaine dans un monde complètement technologisé ? Devra-t-on accepter de nous transformer, quitter notre nature humaine, pour devenir plus qu’humain comme le préconise les tenants du transhumanismes comme le Dr. Laurent Alexandre (Homo Deus) ? Et que fera-t-on de ceux qui ne pourront s’adapter ?

 

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