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Interview de Bruno Leralu, dirigeant et fondateur de Qwice, un nouvel arrivant parmi les réseaux sociaux. Il rejoint aussi le club réduit des Réseaux Sociaux français et souverain.

 

Entretien avec Bruno Leralu qui nous parle du nouveau réseau social français Qwice

[Emmanuel M] : Bonjour Bruno, merci d’avoir accepté cet entretien. Pourriez-vous nous expliquer rapidement votre parcours ?

[Bruno Leralu] : Mon parcours est orienté banque/finance et édition de logiciels. Plus précisément, j’ai d’une part, une expérience de direction de grands projets innovants au sein de groupes bancaires et d’autre part en management d’entités et de filiales informatiques et bancaires.

[EM] : Comment vous est venu l’idée de Qwice ?

[BL] : C’est une idée collégiale. Nous sommes 4 associés.

Utilisateurs depuis longtemps des réseaux sociaux nous avons assisté au fil des ans aux différentes dérives : désinformation, fake news, agressivité, harcèlement, bulles de pensées…

Nous avons constaté l’impact négatif des réseaux sociaux sur la société et les individus.

Comme beaucoup, nous nous sommes indignés :

-du non-respect des utilisateurs et de leurs données,

-du mode de fonctionnement des réseaux sociaux instaurant une économie de la rétention au seul service d’un business model dans lequel l’utilisateur est un produit,

-de la visibilité donnée au buzz et aux punchlines likées qui réduit la liberté d’expression et sa diffusion,

-des mécanismes d’affrontement suscités,

-de l’absence ou de l’inefficacité des modérations malgré les promesses et annonces des réseaux sociaux.

Au bout d’un moment, lassés d’attendre une amélioration, nous avons décidé de créer un réseau social avec un paradigme différent.

On a alors posé à plat tout ce qu’on attendait des réseaux sociaux et on a imaginé des innovations pour construire un réseau social qui rapproche les gens et permet de retrouver le plaisir d’échanger, sans compromis avec la liberté d’expression.

[EM] : Quelles sont vos spécificités, dans votre approche ?

[BL] : Qwice repose ainsi sur un écosystème protecteur complet mettant en œuvre de nombreuses innovations.

Il repose sur 4 piliers : la pertinence, le niveau de confiance, la réputation et la modération.

La pertinence : Sur Qwice, tout ce que l’on publie peut être évalué en un clic par les autres utilisateurs : Est-ce utile ? Étayé ? Ou au contraire agressif ? Trompeur…?

Ces nuances, plus subtiles que le simple « Like », sont apportées à travers une dizaine de critères, et ont une influence sur la visibilité. Plus on est constructif, et plus on est visible ! A l’inverse, les publications malveillantes, fake news et harcèlement ne décollent pas, le système pouvant ainsi bloquer leur propagation. Les contributions apportées à un sujet sont classées selon leur pertinence évaluée par la communauté. Les discussions gagnent naturellement en nuance, en clarté et en richesse.

Le niveau de confiance :

Le système attribue un niveau de confiance à chaque utilisateur selon la qualité de ses interactions. Ce niveau de confiance évolue avec le temps et le comportement des utilisateurs : les utilisateurs constructifs verront leur niveau de confiance s’améliorer, tandis que les comportements malveillants ou déplacés le feront baisser.

À tout moment, chacun est libre de choisir son mode d’échange : On définit le niveau de confiance de ce que l’on veut voir, indépendamment de celui attribué à notre profil. Par exemple : On peut choisir de ne visionner que le contenu de niveau Sérénité pour échanger sur un sujet sensible qui nous tient à cœur. A l’inverse si l’on souhaite discuter à bâtons rompus, en acceptant les controverses plus vives, on peut opter pour un mode d’échange Freestyle, qui correspond au filtre le plus bas. Et si la discussion s’envenime ou si les échanges débordent, on peut à tout moment repasser en mode sérénité pour se protéger. C’est une protection très efficace contre les débordements, attaques de masse et harceleurs, car ces derniers ne peuvent plus avoir d’impact sur l’utilisateur.

La réputation :

Sur Qwice, plus on est constructif, et plus cela se voit sur son profil, de même que les thèmes où l’on est le plus actif et pertinent ! Le profil présente une synthèse des évaluations reçues et données durant les derniers mois. Les trolls ne peuvent plus se cacher !

La modération :

Qwice bénéficie d’une modération à 2 niveaux : par celui qui lance un sujet et par l’équipe de modérateurs Qwice. Elle sera assistée par une IA.

Les signalements sont vérifiés par les modérateurs Qwice, avec un système sanctionnant les signalements abusifs. Cela protège contre les signalements groupés qu’on voit sur les réseaux sociaux traditionnels et qui ont pour objet de faire taire ou d’exclure des comptes.

[EM] : A quelle étape du projet êtes-vous ?

[BL] : La version alpha est en fonctionnement. Une communauté s’y développe. Ce n’était pas prévu ! Les testeurs ponctuels se sont approprié la version alpha et en ont fait leur réseau social au quotidien.

Le lancement de la version beta est prévue en avril. 3000 utilisateurs sont inscrits et attendent l’ouverture.

[EM] : Est-ce que Qwice est une solution souveraine, en plus d’être française ?

[BL] : Oui et c’est une volonté forte.

[EM] : En quoi pour vous la Souveraineté Numérique est un sujet d’importance ?

[BL]  : C’est important à plusieurs titres.

D’une part pour protéger les utilisateurs face aux lois d’extraterritorialité appliquées par les entreprises étrangères pouvant leur enjoindre de transmettre les données des utilisateurs dans le pays d’origine. Il faut d’ailleurs noter une très bonne collaboration/proximité de ces entreprises et leurs Etats respectifs.

D’autre part, de nombreux enjeux stratégiques nécessitent des garanties strictes d’indépendance.

En ce qui concerne les réseaux sociaux, ont sait qu’ils véhiculent la majorité des informations, peuvent les faire naître ou les déformer. Ils interviennent dans la stabilité nationale et sont une composante géopolitique importante comme le conflit en Ukraine le montre. Comme on le dit « celui qui détient l’information détient le monde entre ses mains »

Enfin, la souveraineté numérique est un élément central du développement économique national. Le numérique est devenu incontournable dans la plupart des entreprises quelles que soient leurs activités. La France ne peut pas être considéré comme un territoire de business à la disposition d’entreprises étrangères qui en tirerait des bénéfices sans contribuer à son économie.

Pour finir, la souveraineté numérique touche des domaines clefs tels que la santé ou la défense nationale.

[EM] : Pensez-vous que le combat pour la Souveraineté Numérique est un combat dépassé ?

[BL] : C’est au contraire un combat actuel et essentiel.

[EM] : Que pensez-vous du concept de chasser en meute qu’essaie de mettre en musique un certain nombre d’acteurs ? Est-ce applicable dans le cas des Réseaux Sociaux ?

[BL] : Je suis clairement favorable à la chasse en meute.

Cependant, une meute n’est pas seulement un groupe de sympathisants constituant un éventuel lobby. Elle doit mettre en œuvre une stratégie d’attaque efficace.

Par exemple :

  1. Lister les secteurs clefs : de 1er et de deuxième niveau

  2. Analyser les différents domaines où il est possible d’agir. Les classer selon les moyens à mettre en œuvre et les délais de réalisation

  3. Analyser l’impact pour rendre souverain tel ou tel secteur et l’impact que cela aurait sur les autres secteurs

  4. Pondérer les 3 critères précédents pour déterminer des priorités, une feuille de route et des actions communes à mener. En effet, on ne peut pas par exemple demander un soutien à l’Etat dans tous les domaines à la fois.

Autre exemple, si on n’est pas à niveau dans un domaine on peut négocier l’utilisation temporaire d’une offre étrangère avec transfert de technologie.

Il faut avoir une démarche « victoires rapides » pour enfoncer des coins dans la prééminence numérique étrangère.

[EM] : Pensez-vous qu’il y ait eu une véritable prise de conscience des enjeux de la souveraineté numérique, au-delà des discours ?

[BL] : Pas vraiment. Mais à décharge, il n’y a pas de meute organisée avec un plan d’action agissant en ce sens. Le relationnel sans plan d’action est inefficace

[EM] : Pensez-vous que les initiatives « cloud de confiance » vont dans le bon sens, et peut-on parler de confiance lorsque l’on construit son offre sur les scalers américains ?

[BL] : Non, cela pourrait aller dans le bon sens si c’était temporaire avec un transfert de technologie sur 3 ans par exemple.

[EM] : A ce sujet quel est votre choix quant à l’hébergement ?

[BL] : Qwice est hébergé par OVH.

[EM] : D’après vous, les chefs d’entreprises ont-ils conscience de la guerre économique qui nous est menée par les US, et comprennent-ils le risque lié à l’utilisation de leurs outils numériques ?

[BL] : Pas vraiment, sauf ceux qui sont directement concernés dans leur activité principale.

[EM] : Nous arrivons à la fin de cet entretien, pourriez-vous nous donner votre mot de la fin ?

[BL] : Tout d’abord merci pour cet interview. Ensuite je dirais pour conclure : n’attendons pas un monde meilleur, créons le !

 

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