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L’IA comment s’organise la France devant cet enjeux ?

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L’IA est le sujet chaud du moment, avec notamment l’ouverture de ChatGPT au grand public et quelques autres acteurs américains. Malgré des résultats qui peuvent parfois laisser dubitatif, le champs de leur utilisation est vertigineux, comme les risques sociétaux et culturels que l’on devinent. Nul ne peut rester indifférent sur ce qui pourrait être ou est déjà une révolution majeure des usages du numérique.

Il est important de noter pour la suite, que ceux qui ont recueillis les lumières, sont les acteurs du numérique américains, soient en étant un des majors, soit en s’alliant à un majeur et la question de la rentabilité immédiate ne les intéresse pas au contraire d’acteurs français de taille bien plus modeste, même si leurs outils développés semblent plus pertinents et performants… Ces derniers au final restent dans l’ombre des premiers grâce à une exposition aux médias due à un lobbying intense qui si on n’y regarde de plus près pourrait s’apparenter à une corruption légale…

Devant les enjeux que représentent cette arrivée massive de l’Intelligence Artificielle générative, en effet des applications basées sur ce qu’on appelle l’intelligence artificielle ont quant à elle, déjà envahi petit-à-petit notre quotidien, le gouvernement cherche à organiser une réflexion autour de cette thématique. Pour se faire, il a créé un comité de l’Intelligence Artificielle Générative composé d’un panel « d’experts ». Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que dans ce domaine aussi, il nous faut penser souveraineté, et donc réfléchir aux mesures ad hoc pour sécurisé et réguler cette branche du numérique.

Il est donc naturel de s’intéresser à la composition de ces membres de ce comité, liste qui est publique (site gouvernemental). Vous allez penser que je vois le mal partout, mais sur 14 membres de ce groupe de réflexion nous retrouvons des employés des #gafam…

Nous avons par exemple Yann Le Cun VP et Chief AI Scientist chez Meta (Facebook), nous avons aussi Joëlle Barral directrice scientifique de Google, nous avons aussi un franco-américain Luc Julia qui a travaillé pour Apple et Samsung, même si désormais il a rejoint Renault (qui a choisi Google comme plateforme numérique…), même dans le choix d’une représentant « français » des acteurs de l’IA, nous avons Arthur Mensch qui a été impliqué dans l’équipe DeepMind (Google), ce qui est troublant même si désormais il est le cofondateur de Mistral AI, la start-up qui vient de lever 150millions de dollars (Usine Digitale – Le Figaro)… Nous retrouvons aussi un ancien secrétaire d’état chargé au numérique Cédric O, qui on doit le dire ne s’est pas illustré par sa capacité à défendre les intérêts du numérique français préférant dire que seul les américains savent faire (Effisyn SDS)… Il est à noter que cela fait deux membre de Mistral AI puisqu’il est investisseur et au comité de direction de cette start-up par l’intermédiaire de sa société Nopeunteo

Sur 14 membres nous en avons déjà 5 acquis aux intérêts des acteurs du numérique américains dont deux clairement puisqu’ils sont sur les fiches de paies de Google et Meta (Facebook) ! Par ailleurs un autre membre de cette commission est connu pour ses positions pro-business, contre la régulation par une attaque passée contre la CNIL. Il s’agit de monsieur Gilles Babinet, qui vous le devinez à un penchant pour nos amis les #gafam…

Je trouve préoccupant de donner autant de place pour la réflexion devant mener à des décisions politiques structurantes pour la filière à des interlocuteurs qui de mon point de vue n’auront pas les intérêts des acteurs du numérique français à cœur, ni de la France ! Les acteurs américains puissants et riches ne sont pas nécessairement effrayés par nos lois, ils ont les moyens de payer de nombreux avocats pour les tourner à leur avantage, ce que souvent n’ont pas nos acteurs français de taille modeste !

J’entends déjà les critiques que mes propos vont soulever, mais vous ne pouvez pas préjuger du résultat de cette commission, ce sont des experts du secteur et ils savent… Par ailleurs, les acteurs américains sont les meilleurs et ils ont une telle avance… Sans jamais se poser la bonne question, eux contrairement aux acteurs français ils bénéficient pleinement de la commande publique américaine, notamment militaire…

Mais intéressons-nous à cet acteur particulier, qui est quelque part le seul représentant des acteurs de l’Intelligence Artificielle en France, dans ce groupe de réflexion et qui a deux de ces membres présents dans cette commission d’expert que sont messieurs Arthur Mensch l’un des cofondateurs et Cédric O, l’un des investisseurs au comité de direction de Mistral AI… Cette start-up dont les statuts ont été signés par les associés en avril 2023, se fait déjà remarquer par une levée de fond record de 105 millions de dollars. Il y a quelques mois, je m’étais interrogé sur le devenir de notre ancien secrétaire d’état au numérique et quels pourraient être ses points de chutes. Nous en avons ici un bel exemple, d’un mélange des genres entre politique et affaires qui interroge… J’espère que cette aventure n’est pas une réédition du dossier Qwant sous une autre forme… Il sera intéressant de creuser plus en détail l’origine de ces 105millions de dollars, et comment se répartissent les droits de vote, en effet en fonction des investisseurs l’entreprise est-elle toujours souveraine (capital majoritairement français) ? A suivre…

Il reste cependant étonnant que le gouvernement sélectionne deux personnalités ayant des intérêts convergents dans une structure qui n’a que quelques mois… Pourquoi, ne pas avoir choisi des entreprises françaises qui génèrent déjà du chiffre dans ce domaine de l’IA ? Pourquoi avoir un tropisme américain, n’est-ce pas donner l’opportunité à des adversaires économiques de torpiller notre filière qui compte déjà des acteurs performants, même s’ils n’ont hélas pas la taille de leurs compétiteurs américains ?

Ce que l’on peut tirer en regardant un peu le derrière des cartes de cette prise en compte des enjeux de l’Intelligence Artificielle, n’est pas forcément encourageant, pourquoi ? Tout d’abord la forte représentation des acteurs américains ou de personnalités ayant travaillées pour eux ou les ayant soutenus n’est pas, c’est le moins que l’on puisse dire un signal encourageant pour notre souveraineté et nos acteurs de cette filière…

L’absence d’acteurs établis et produisant du chiffre d’affaire, oui ils en existent, est un autre signe du manque de réalisme et du côté qui me paraît un peut hors-sol de ce comité.

De plus une impression de mélange des genres et d’entre-soi ne rassure pas sur la capacité de ce comité à produire des recommandations quant une stratégie et des indications fortes et structurantes pour notre filière de l’Intelligence Artificielle. Certains acteurs présent sont des lobbyistes patentés des intérêts des géants américains en minimisant systématiquement les capacité de notre écosystème numérique français pour n’encenser que les majors américains.

Mon sentiment qui ne fait que se renforcer, c’est que nos « élites » dirigeantes, notamment gouvernementales ne jouent pas l’équipe France et continuent de mettre des battons dans les roues de nos acteurs et entrepreneurs français, contribuant à continuer la destruction de l’industrie française, comme ils ont su si bien le faire pour notre industrie nucléaire… Mais ne nous inquiétons pas leur avenir est assuré, ils n’ont aucun risque de perdre leur emploi, ont une rémunération hors norme assurée et ne seront jamais responsable ni redevable ! Je dois dire que cela est particulièrement décourageant !

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