Dans le secteur de l’innovation digitale financière, la France dispose aussi d’un écosystème riche. Cependant comme pour beaucoup de nos start-ups, combien survivront et surtout combien survivront et resteront sous pavillon français.
En effet, comme dans toute crise, le temps ‘des bonnes affaires’ arrivera, et il ne sera pas nécessairement étonnant de voir d’importantes opérations d’achat. Les sociétés qui ont le plus de cash, comme les Gafams pourront faire leurs petites emplettes si nous n’y prenons gare….
Les moyens de paiements une question de souveraineté ?
C’est une question qu’il faut bien se poser. En effet, une trop forte dépendance aux solutions technologiques américaines ou extra-européennes, là aussi peuvent se retourner contre nous pour plusieurs raisons. L’une des toutes premières, c’est la connaissance obtenue sur les clients, en effet les premiers sont les pourvoyeurs de cartes bancaires, les banques ne venant qu’en second. Connaitre et maîtriser la connaissance des comportements de consommation peuvent s’avérer de précieux atouts. L’autre raison là encore, est le risque de dépendre indirectement de la Loi américaine. Si les acteurs sont américains, que les solutions sont américaines, on retrouve à nouveau sur notre chemin la question du Patriot Act et du Cloud Act….
Il est à noter que les principaux organismes de cartes de crédit sont américains Mastercard®, Visa®, American Express® ce qui est un comble quand on pense que les français sont les inventeurs de la carte à puce….
On le voit, sur les solution de paiement classique, il y a une hégémonie nord-américaine, mais hélas la situation actuelle sur les moyens de paiements dématérialisés jusque très récemment présentait le même paysage : Paypal®, Apple pay®,Google pay®, Samsung pay® pour les coréens, et WeChatpay® et Alipay® pour la Chine (Asialyst). Il est à noter que l’utilisation des données personnelles du côté chinois est encore plus préoccupante que du côté américain…
Vers un réveil français ?
La « transformation digitale » portée par le concept de « Start-up nation » a vu naître un écosystème favorable à l’émergence de nombres de Start-ups dans les « techs » grâce à des incubateurs hors normes comme la station F, l’émergence d’un certain nombre de labels comme ‘French Tech’, ont permis une floraison de Fintechs française(Infographie Fintechs du Journal du Net), comme : Lydia et monisnap dans le domaine du paiement dématérialisé. Il y a donc bien des initiatives qui se mettent en place, ce sont des projets à suivre car ils pourront à termes nous offrir de vraies alternatives aux modes de paiement actuels où l’hégémonie américaine est principalement contestée par l’Asie, la Corée tout d’abord grâce à son leadership dans la téléphonie mobile, mais la Chine vient en force…
Il est à noter que les banques françaises ne sont pas en reste, et mettent en place des moyens de paiements en ligne pour coller à l’évolution des usages de leur clientèle. Nous avons par exemple la solution PayLib du groupement bancaire BNP, Banque Postale et Société Générale, rejoint par le Crédit Agricole. Je ne ferai pas un listing exhaustif des solutions existantes, mais il y a aussi BluePayd® , PayPlug® (FinTech de Natexis).
Nous pouvons le constater, il y a de nombreuses initiatives, il était à prévoir des mouvements de consolidation dans le secteur, cependant la pandémie Covid-19 peut accélérer le phénomène et hélas pourrais mettre à mal l’émergence de solutions souveraines.
En conclusion
Dans ce secteur comme dans beaucoup d’autres, nous pouvons constater de belles initiatives et une belle vitalité entrepreneuriale dans notre pays. Il faut ce pendant être prudent, car le secteur « Start-up » a bénéficié ici comme ailleurs d’investissements facilités par l’abondance monétaire. La crise actuelle va rebattre les cartes et pour espérer traverser cette période difficile, il faudra clairement que la valeur ajoutée apportée par le service soit indéniable.
En parallèle, il sera important que le gouvernement propose un cadre législatif qui favorise les solutions respectueuses de l’utilisation de nos données privées. Mais cela seul ne suffira pas ! Dans ce secteur comme dans les autres, il est nécessaire qu’au niveau individuel nous devenions des conso-acteurs, sans notre action individuelle, cela sera peine perdue.