Le monde vit une révolution scientifique et technique, sans précédent dans son histoire. Celle-ci s’appuie sur l’ensemble des sciences et des techniques : l’informatique, la physique, la chimie, les sciences de la vie et de la Terre, mais surtout sur les mathématiques, socle incontournable et transverse de toutes ces spécialités. Parmi les enjeux stratégiques du plan France 2030 présenté par le Président de la République, la plupart demandent d’ailleurs un haut niveau de qualification technologique et scientifique.
Lors de la mission sur la souveraineté numérique dont j’ai été le rapporteur, la pénurie de compétences scientifiques dans notre pays a été abordée par plusieurs intervenants, de façon incidente, puisque cela se situait en périphérie du thème abordé, mais significative. Depuis, le sujet revient comme un leitmotiv lors des nombreux entretiens que je peux avoir avec les acteurs économiques.
Réindustrialiser, certes. Mais avec quelles ressources humaines ? Nous sommes déjà, avant même d’avoir commencé, en déficit de compétences dans de nombreux secteurs et niveaux de qualification. Selon une étude de l’Observatoire paritaire des métiers du numérique et de l’ingénierie, il manque 5000 ingénieurs en France.
Or, la récente réforme du lycée et du baccalauréat général, qui ambitionnait à juste titre de redonner leur place aux humanités, s’est opérée au détriment des mathématiques et des matières scientifiques, créant ainsi un nouveau déséquilibre, en leur défaveur cette fois. Parallèlement, la France s’enfonce un peu plus chaque année dans les classements internationaux (Pisa et Timss), et ce au premier comme au second degré. Les jeunes Français manifestent un manque manifeste d’appétence pour les mathématiques, quand ce n’est pas un rejet.
En 2018, la mission Villani-Torossian a proposé 21 mesures sur l’enseignement des mathématiques pour pallier ces difficultés, mais les moyens alloués à la mise en œuvre du plan mathématique, comme le dénonce l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public,ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Comme le note la Société informatique de France, dans un plaidoyer qui appelle à faire de l’enseignement des sciences une grande cause nationale, « L’avenir d’une nation se construit avant tout en dispensant à sa jeunesse une formation correspondant aux modifications majeures qui la traversent ». J’ai donc déposé samedi dernier une question écrite adressée à Michel Blanquer, ministre de l’Education, lui demandant quelle formation à la hauteur des enjeux économiques et sociétaux de notre époque il envisage, afin que notre pays dispose des compétences indispensables à ses ambitions. Le temps presse d’autant plus qu’en matière d’éducation, il faut attendre, c’est une évidence, plusieurs années pour voir les effets d’une politique.
Philippe Latombe
Député de la Vendée
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